Ninos Dankha, aka Prince Of Assyria, s’inscrit dans la longue lignée des chanteurs à la voix profonde capable par leurs simples timbres de vous émouvoir jusqu’au tréfonds de l’âme. En cela, ce Prince suédois d’origine irakienne est l’héritier de grands rois de la pop rock que sont les Nick Cave, Michael Stipe (REM) ou Stuart Staples (Tindersticks). Je ne peux m’empêcher non plus de le rapprocher de l’une de mes légendes personnelles, Terry Calier, avec qui il partage ce même déchirement intime qui confère à leurs musiques respectives une charge émotionnelle incomparable.
Dankha est donc né à Bagdad mais a fui tôt l’Irak avec ses parents pour la Suède. De cette identité de déraciné, le song writer suédois a tiré une musique sous influence. Influence d’une vie dans le grand nord qui semble avoir inspiré ces sublimes tableaux musicaux portés par les nappes de cordes et de cuivres, comme sur « Tears Of Joy » ou « Sleep Tight ». Influence d’une culture originelle présente par touches tout au long de l’album sous la forme d’instruments orientaux, comme les tablas sur « Another Love Song », ou de quelques mots susurrés en arabe sur « Tliqa ».
Comme un autre artiste à l’identité mixte que je chéris particulièrement, Nitin Sawhney, le Prince d’Assyrie réussit la synthèse de ses cultures pour créer une musique unique, riche de sa différence, au croisement des routes entre l’orient et l’occident. Empreintes de nostalgie, parfois d’un certain désespoir (« I’m losing myself »), la musique et les paroles de Ninos Dankha n’en sont pas pour autant déprimantes. On préfère plutôt en retenir le message d’espoir qui émane de l’écoute de « Missing Note ». Cet album est un merveilleux voyage qui nous conduit des déserts de Mésopotamie jusqu’aux paysages de glace du cercle polaire.