Si l’on m’avait demandé d’où venait le groupe Crocodiles, j’aurais spontanément répondu « l’Angleterre ». Et pourtant, je me serais trompé, car ce sont bien deux Californiens que l’on retrouve à la tête du projet, accompagnés par deux autres musiciens (clairement en retrait derrière nos deux leaders lookés). J’avoue être passé en 2009 assez loin de leur précédent album, « Summer of Hate » (rien que ça !) et je les prends comme ils viennent. Mais que font-ils, justement, ces jeunes gens ?
Avant toute chose, ils écoutent des disques avec plein de reveb à l’intérieur, des chansons où l’air se raréfie sous l’assaut de guitares crades et agressives. Puis la réécoute fait ressortir d’autres trucs dans la musique du groupe : il y a une dimension pop, même très soignée dans le son. On retrouve en effet James Ford à la production, qui a produit Simian Mobile Disco, Klaxons ou Arctic Monkeys. Ce n’est pas pour autant que le disque sombre dans la brit-pop. Mais indéniablement, le groupe tend à se rapprocher d’autres groupes comme Kasabian, avec comme pour ces derniers le petit côté tête à claques. Mais je m’égare un petit peu, et ne rend pas tout à fait hommage aux qualités réelles du disque. En effet, malgré les influences (The Jesus and Mary Chain en tête) qui auraient pu être envahissantes et desservir le disque, celui-ci passe plutôt bien. Entre rock garage halluciné (« Stoned to Death ») et rock de stade mal-famé (« Mirrors »), l’entrée en matière du disque brosse avec pas mal de précision les aspirations du groupe. Et si parfois le groupe se perd un peu dans des volutes de fumée non identifiées (« Girl in Black »), le rebond se fait plutôt bien avec « Sleep Forever », énergique et perché, avec une fois de plus une vague de reverb dans la voix de Brandon Walchez, assez dépourvue de toute inflexion par ailleurs. Mais si le groupe referme plutôt habilement ce court album avec un « All My Hate and my Hexes Are For You » ensommeillé, j’ai quand même ressenti un certain manque à son écoute. Bien fait, bien produit, certes un style que je ne maîtrise ni apprécie de façon démesurée, mais il manque surtout une étincelle. C’est parfois LA mélodie qui tue, le petit truc qui ferait émerger l’auditeur de la relative torpeur du disque, et propulserait le groupe dans une autre dimension. J’ai plutôt eu l’impression d’entendre une base pour aller un peu plus haut, mais pas encore un aboutissement.