La soirée s’ouvre sur une parenthèse enchantée. Nimbé de lumière, dans une performance intimiste, Mauro Remiddi distille des rêveries éthérées, comme autant de mélodies qui arrondissent les angles, donnent des contours flous à tout ce qui nous entoure.
Le verdict est unanime : pendant que l’Italien chantait, le temps était suspendu à ses lèvres.
Moins intimiste, le trio anglais Trophy Wife n’en est pas moins efficace.
Ses beats déchaînent les hochements de tête convaincus, et en peu de temps, voilà le Point Ephémère transformé en une armée obéissant au doigt et à l’oeil aux Oxfordiens.
Conjuguant les beats précis de News Order avec la furie festive des Strokes, les trois Anglais échaffaudent une mécanique implacable, et diablement convaincante. Un échauffement idéal avant de recevoir les riffs délurés de Yuck.
La troisième partie de la soirée aurait pu ressembler à un voyage dans le temps, offrant à quelques nostalgiques le sentiment de retomber dans les années 90 de Sebadoh et de Nirvana.
Seulement, ici, on n’explose pas les guitares à la fin d’un morceau. On chante proprement, et on ne s’autorise d’improvisation qu’au moment de quitter la scène – des bourdonnements à la Sonic Youth accompagnant la sortie du concert. Le voyage temporel n’est donc que partiel.
Une fois ce bémol remballé, on peut apprécier ce concert pour ce qu’il est : un enchaînement de riffs déraillant avec charme le temps de quelques distortions ; des échos de Dinosaur Jr dans le chant comme dans les mélodies chaleureuses.
Il n’y a pas à pinailler : ces titres de pop grungy ont beau être taillés sur mesure, un peu proprets, ils n’en sont pas moins séduisants et efficaces.
Et lorsque les trois chevelus de Yuck quittent la scène sous les bourdonnements de guitare, c’est avec l’impression d’avoir été pleinement comblé que le public sort de la salle.