Pour son troisième album, Watine continue de jouer délicatement avec les mots et d’orchestrer un univers à part entière. Forte de sa formation classique et de ses influences anglo-saxonnes, elle explore des contrées féériques, dans lesquelles virevoltent arpèges et courbes d’archets. Le morceau d’ouverture dévoile sans détour la finalité de son travail : intimisme et maturité.
Des personnages étincelants ou fantomatiques ne cesseront de se succéder, tentant le plus souvent de savoir si le temps joue avec ou contre eux. Coups durs et bonnes résolutions ne seraient-ils dus qu’à des destins croisés ? Catherine Watine évoque avec imagination et élégance l’universalité des sentiments. L’ambiance et le clip de « The Strings of My Fate » ne peut qu’embrasser le merveilleux et la noirceur du cinéma de Tim Burton. Au-delà d’une certaine homogénéité dans la structure, le jeu s’impose sur le texte en développant des plans séquences (« Trying to », « Sailors » et « Grounds For Love »).
La recherche des samples et du champ lexical confirment que Watine se nourrit aussi d’une énergie plus contemporaine, voire technologique (« Connected Queen »). Elle sait revenir avec justesse sur la force du passé (« Strong Inside ») ou ses premiers amours de chevet (« Book and Lovers »). « Architect » combine les points forts de cet album : la fougue et l’apaisement , ici symbolisés par l’envie de reconstruire et les souvenirs mélodiques de Chet Baker. Quelques mots susurrés en français surprennent et préfigurent ses interrogations sur le cours de la vie. Auto-production électro-acoustique, « Still Grounds For Love » a laissé éclore des bourgeons bien délicats. Le temps est venu pour vous de les cueillir.