Il n’est pas très simple de décrire la musique de Tupolev, mélange singulier entre jazz, musique contemporaine, utilisation de l’électronique et, par moments en tous cas, énergie issue du rock. Pas forcément une musique très facile d’accès mais pas non plus un disque inécoutable. On peut aisément se laisser porter par le quatuor ; le piano de Peter Holy est l’instrument maître, gambadant de-ci de-là et insufflant l’énergie avec une virtuosité hallucinante. Alexandr Vatagin l’accompagne au violoncelle (parfois à la basse), mettant du liant dans ce mélange complexe, assurant une ligne mélodique et une direction à cette musique qui aime se promener. David Schweighart, à la batterie, joue dans un registre jazz plutôt inventif et Lukas Scholler vient compléter le quatuor en distillant, par petites touches et de manière plutôt discrète (il faut parfois tendre l’oreille), ses séquences électroniques.
Le résultat est une musique largement improvisée et d’une grande élégance ; un album court (à peine plus de 28 minutes) mais dense et qui ne se laisse pas aller à d’inutiles bavardages. Des caresses de « Lts » aux explosions musicales de « Juno » en passant par les improvisations à la batterie de « Petroleum », le voyage ressemble à une promenade en forêt – Tupolev ne suit pas le chemin tracé, rencontre ravins et embûches mais savoure, dans son genre bien à lui, une incroyable liberté.