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Concerts

Konono n°1 – Kägelbanan, Södra Teatern, Stockholm le 6 mars 2011

Voir les Congolais à Stockholm revient un peu à faire le grand écart entre l’équateur et le cercle polaire. Sachant que Konono n°1 est, à la base, un groupe folklorique (voire de baloche) en République Démocratique du Congo, il y a quand même quelque chose d’amusant à mesurer les écarts de perception puisqu’ici (comprendre plus largement dans le monde occidental), leur musique est appréciée essentiellement par un public de jeunes blancs branchés. Un peu comme si la hype congolaise se mettait à kiffer Aimable et son Orchestre. O tempora ! O mores !

Konono n°1

Nous étions très curieux de voir ce que donnerait un concert de Konono dans Kägelbanan, très belle salle de Södermalm, surplombant la baie de Stockholm. Le bric à brac de Konono (haut-parleur bricolé, cymbales de récup’) se mêle parfaitement aux colonnes fin de siècle ouvragées en fonte.

Si Papa Minguiedi, le patriarche, a laissé sa place, son fils Augustin a pris la relève et tient le devant de la scène. On dénombre trois likembés (pianos à pouces) : un rythmique, un solo pour Augustin et un basse pour l’énergique ambianceur, vêtu… d’un kimono noir, comme une incitation supplémentaire au mélange des genres, du moins au refus de la catégorisation. Les percussionnistes sont trois : un à la batterie (minimale : caisse claire, cymbales), un aux congas, enfin Pauline Mbuka Nsiala aux cloches métalliques, chant et danse (surtout le popotin, avec des mouvements quasi invraisemblables pour nous occidentaux embarrassés avec notre corps).

Konono n°1

Au début, la salle est un peu froide, à l’image du likembé rythmique, qui gardera son blouson longuement mais petit à petit, le public se met à « bouger/danser » suivant les invectives – en français – de l’ambianceur. Une fois le blouson tombé, le likembé rythmique ne s’arrêtera plus de danser ! Difficile de rester en place sous les sons distordus des likembés et leurs rythmes implacables comme une sorte de version garage déjantée de Steve Reich. Les « chansons » prennent une autre dimension live, versant vers l’improvisation et la digression rythmique, mais toujours proche de la transe et oubliant le format court qui leur sied finalement moins.

On reconnaît entre autres les titres-phares du dernier album « Assume crash Position » : ‘ »Makembe », « Wumbanzanga », « Guiyome ». On apprécie les changements de tonalité voire de paroles comme « Konono numéro un », devenant une fois sur deux  »Konono number one » dans le titre « Konono Wa Wa ». 

Konono n°1

Si nous arrivons à percevoir les soli et la basse (énorme de l’ambianceur), en revanche, nous n’arrivons pas toujours à différencier les likembés lorsqu’ils jouent la rythmique de concert tant leurs entrelacs sont complexes et il faut se concentrer sur les doigts agiles des musiciens pour discerner précisément qui fait quoi. A ce sujet, notons que les ongles des joueurs de likembés sont peinturlurés de blanc, certainement moins par coquetterie que pour protéger leurs écorces des dures lamelles de fers amplifiées.

On constate également que le public gigote de plus en plus et que les manteaux et chandails se posent au fur à mesure au pied de la scène. Ex voto ? Offrande ? L’ambianceur envoie en retour des clins d’oeil appuyés aux jeunes femmes du premier rang : son succès ne se dément pas après toutes ces années.

Konono n°1

Une heure trente après le début du concert, Konono quitte la scène et Augustin remercie le public en lançant des  »bye-bye », puis  »à la prochaine » et enfin quelques mots en lingala (parce que, pourquoi pas après tout…) laissant le public en sueur et ravi d’avoir troqué ses skis et la Vasaloppet contre une bonne dose de transe collective made in Congo.

 

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