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Iron and Wine – Paris, L’Alhambra, le 17 février 2011

IRON AND WINE – Paris, L’Alhambra, Le 17 Février 2011

Rares sont les apparitions de Sam Beam en France – je me souviens d’un Divan du Monde plein à craquer il y a trois ans – et c’est désormais l’Alhambra qui sied mieux à la cote de popularité du Texan avec ce quatrième album, "Kiss Each Other Clean", déroutant pour les uns, fédérateur pour les autres.

Iron and Wine

Surfant sur ce capital "sympathie" et sur une décennie de production quasi irréprochable, le christique Sam Beam s’offre à ses ouailles dans un look sobre de professeur de littérature comparée. Seule la barbe fleurie rappelle ses Riches Heures folk, mais pour le reste la mue est complète. Musicalement aussi. Deux heures de concert distillant un groove feutré et des effluves de rock cool (s’il est permis d’utiliser cette expression). Il est loin le temps des veillées à la chandelle. Iron and Wine, c’est un groupe de huit musiciens au diapason de leur leader, un son parfait presque trop (lisse parfois ?) et des mélodies impeccables. Iron & Wine, ça reste aussi un timbre de velours, plus énergique qu’il n’y paraît. Vibrant quand il le faut.

Iron and Wine

On ne pouvait rêver meilleure entame que ce "Rabbit Will Run". Une des perles du nouvel album. Dès lors, le concert fait de fréquents allers retours entre le dernier disque et les chansons de "Sherpherd’s Dog". Au besoin, les versions sont un peu étirées à la faveur de courtes jam-sessions qui prouvent que le groupe n’est pas là pour faire de la figuration. Mention spéciale à un saxophoniste furibond et aux harmonies vocales qui n’ont rien à envier à celles des Fleet Floxes. Alternant le recueilli et le remuant, le boisé et l’épicé, la pop et la soul, le concert trouve son rythme de croisière sans temps mort.

A peine si je réprime une pointe d’ennui aux trois quarts du concert à la suite de deux ballades émollientes vite effacées par un "Boy With the Coin" gaillard. Pour le reste, Sam Beam ne quittera sa pose de chanteur hiératique, que pour changer de guitare et échanger quelques blagues soft avec un public conquis d’avance. Ce n’est pas un concert mais une communion sur l’autel d’un rock à la papa qui fleure bon les années soixante dix, les concerts fleuve des Fleetwood Mac et de Steely Dan. Sam Beam assume ce côté anachronique, ce métissage vintage avec des textures sonores ethno-electro, narguant de fait les chantres de l’orthodoxie folk avec leurs chemises à carreaux. Une chance que son talent de mélodiste lui serve de garde-fou et sublime à peu près tout ce qu’il joue. A ce stade je mesure le quiproquo : en définitive, avec Iron & Wine, il n’a jamais vraiment été question d’americana et de folk. CQFD.

Iron and Wine

Pour les fans de la première heure, il sait aussi redevenir ce gars tout simple avec une voix et une guitare. En témoigne ce rappel dépouillé, "Fligthless Bird, American Mouth" qui fait son petit effet sur une salle en pâmoison. Et puis, les braises s’éteignent, la lumière se rallume. Le Pasteur Beam a fini son sermon. Il n’aura fait que prêcher auprès de convaincus. On dit aussi "faire le job".

Luc Taramini

Photos de Jimmy Delpire

A lire également, sur Iron and Wine :
la chronique de « Kiss Each Other Clean » (2011)
la chronique de « Around The Well » (2009)
la chronique de « The Sheperd’s Dog » (2007)

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