SHIKO SHIKO – Ohayô
(Laybell) [site] – acheter ce disque
Le jeune collectif Laybell a eu le nez creux en venant soutenir ce jeune quatuor qu’est Shiko Shiko. Certains d’entre vous l’ont peut-être déjà vu et entendu à l’oeuvre en première partie de groupes comme Vampire Weekend ou The Dandy Warhols, et il y a une certaine logique dans leur présence à côté de ces artistes.
Il y a chez ces jeunes gens une énorme énergie, qui s’accompagne d’une très grosse générosité : chaque morceau est un vrai bouillonement, d’une ardeur qui tient autant de la pop que de cavalcades noise ou électro. Il y a aussi chez Shiko Shiko une réelle maturité (c’est leur troisième EP), parce qu’il fallait réussir à canaliser cette fougue, et que loin de partir dans tous les sens, les morceaux voient se téléscoper les rythmes les plus tribaux à des bidouillages électroniques que n’aurait pas reniés Animal Collective, avant d’enchaîner sur des gimmicks de guitare qui évoquent Yeasayer par moments. Mais ce n’est pas qu’une simple resucée de ces (glorieux) contemporains que l’on entend : il n’y a pas de place pour la timidité ou le respect inhibant dans ces quatre morceaux. « Kegadoru » est une montagne faite de coups de sang, de batterie qui monte en régime soigneusement avant une accélération qui cloue l’auditeur au siège, avant d’enchaîner sur le fractionné et tribal « Xylophono », qui dresse un pont de plus entre math-rock et rythmes africains. Tout semble étonnamment à sa place dans ces morceaux, débridés quand il faut mais toujours mélodiques, aux influences jamais pesantes, qui sont autant de marques de confiance du groupe dans sa musique, qui revendique et assume avec un bel aplomb son identité multiple (« Shito Shito »). En attendant un éventuel album, vous pourrez apprécier cette grosse dizaine de minutes d’un groupe qui a déjà le coeur et l’énergie pour devenir très fort.
Mickaël Choisi
Kegadoru
Xylophono
Zaa Zaa
Shito Shito