JIM YAMOURIDIS – Into The Day
(Starlight Walker) [site] – acheter ce disque
Quand on a cette voix grave d’un Leonard Cohen revenu de son île grecque soigner sa dépression et des titres souvent lestés d’une gravité dramatique ("Ragged or Whole", "Say Goodbye"), on risque de très vite énerver son public (références écrasantes, hiératisme musical), ou -hypothèse plus optimiste- de s’en trouver un. La biographie de Jim Yamouridis ajoute un éclairage certain à une musique immédiatement identifiable, alternativement un folk minéral et atemporel et une country mâtinée de clarinette, de mandoline et de soleil : Australien d’origine grecque installé récemment près Clermont-Ferrand, il sait marier les contraires et s’entourer de fines lames (Warren Ellis, remis de la brutalité de Grinderman, tout en nuances et chatoiements ou Seb Martel, ici musicien et arrangeur) afin de dissimuler, par la finesse de ses orchestrations, le poison de la mélancolie sous les épices méditerranéennes. Ce nouvel album (le troisième après "Origin" et "You, My Friend") oscille ainsi, à son rythme nonchalant, entre les éléments les plus reconnaissables du folk à la Cohen (voix gutturale qui fait de sa scansion traînante une forme de prosodie, backing-vocal féminin – Sarah Murcia -, arrangements aériens), et des propositions plus décadrées dans le contexte (digression instrumentale, refrains presque pop, enjouement vocal), un pied dans la fidélité concertée, un autre dans l’eau de mer. Le résultat est à l’image du propos, estimable et un tantinet prévisible, tour à tour émouvant et charmant, plombant et sympathique.
David Larre
Ragged or Whole
Where I’ll Be
The Cross
The Dirge
Blood on my Hands
Pretty Soon
Say Goodbye
Into the Day
In the Winter
In the Veil
The Fountain