TWIN SHADOW – Le Nouveau Casino – Paris, Le 04/02
C’est la deuxième visite parisienne pour Georges Lewis Jr., après un premier passage au Point Éphémère l’an passé, et le Nouveau Casino affiche complet en ce soir de février pour goûter à la version scénique de l’album « Forget », une des belles découvertes de l’an passé, dont certains morceaux devenaient vite indispensables une fois qu’on leur avait prêté un peu plus qu’une demi-oreille. Concert très très très attendu par votre serviteur donc.
La première partie est assurée par Stal, nouveau projet d’un ex-comparse d’Anthony Gonzalez au sein de M83. Ça s’entend, en tout cas pour le peu que j’aie pu en juger. On ne va pas juger à l’emporte-pièce, mais des nappes de synthé un peu pompières maquillées à coups de guitares noise, oui, ça dit forcément quelque chose.
Mais bon, on attend Georges Lewis Jr. et sa bande. Le garçon apparaît fidèle à sa moustache, mais capillairement parlant, la banane a été délaissée au profit d’une sympathique option Krusty le clown. Un bassiste en marcel, une jolie clavier cachée derrière ses synthés et un batteur complètent le dispositif.
Le groupe attaque en grillant d’emblée sa meilleure cartouche, « Shooting Holes ». Bien sûr, le son est plus brut que celui, à la fois cheap et ouvragé, de l’album. N’empêche que les débuts sont un peu rudes de ce point de vue là, le son pas très au point, et on passe à côté du bel organe de George (alors qu’on se passerait bien des choeurs du bassiste, un peu trop présents et, ahem, un peu faux). Ça s’arrange ensuite progressivement, mais le son garde ce côté électrique et brut qui tranche assez nettement avec celui de l’album. Album que jouera le groupe en quasi-intégralité (sauf erreur ou oubli, seul « For Now » sera délaissé), sans bonus ou inédit. Il faut parfois un peu chercher son chemin pour retrouver les morceaux, mais comme on a ceux-ci bien en tête et qu’il ne s’agit pas de n’importe quels morceaux, on ne fait pas la fine bouche. La musique de Twin Shadow perd en soyeux ce qu’elle gagne en spontanéité, et l’étiquette « référencé années 80 » de se décoller quelque peu… Ce qui n’est pas forcément un mal. De là où je suis placé – juste devant le bassiste en marcel – je peux même profiter on ne peut mieux des superbes lignes de basse de « When We’re Dancing » ou « At My Heels » (entre autres). A l’aise (mais pas trop), George ne parle pas énormément, blague tout de même un peu avec un public conquis d’avance, s’en va, revient vite pour un rappel de deux titres et promet de revenir bientôt (en mai). Alors oui, Twin Shadow pourrait être un grand groupe de scène, et ce n’est pas nécessairement encore le cas, mais il y avait tout de même largement de quoi se réjouir d’être ce soir-là au Nouveau Casino. Et je peux continuer tranquille à penser que si je faisais de la musique, si j’avais du talent et une moustache (et des cheveux), alors la musique que j’aimerais faire ces temps-ci ressemblerait à celle de Twin Shadow.
Guillaume Sautereau
Photos par Benoît Barnéoud