MICAH P. HINSON – And The Pioneer Saboteurs
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C’est marrant, je prends complètement le train en marche avec ce disque, moi qui suis toujours passé à côté des albums de Micah P. Hinson, l’Américain en ayant pourtant visiblement signé plusieurs superbes. Mais ce background qui m’échappe est aussi l’occasion de me plonger dans celui-ci sans à priori ou attentes démesurées.
Et si le dernier disque du songwriter était un album de reprises, à l’écoute de ce nouvel opus, difficile pour moi d’imaginer des chansons d’autres rentrer dans l’univers de Micah P. Hinson. Entre racines musicales profondes (country, folk) et ambitions presque symphoniques, en tout cas riches en cordes et pleines d’emphase, l’Américain peint un univers d’un noir quasi uniforme, où l’absence fréquente de légèreté pourrait être pesante et rébarbative. Et ce fut d’ailleurs le cas pendant longtemps, jusqu’à ce que j’aie une sorte de déclic. D’un coup, les arrangements me sont apparus somptueux, toujours sur le fil mais sans tomber dans le pathos, la voix de baryton de Micah P. Hinson a fait mouche, le mélange du disque entre morceaux courts et simples et ambitions plus amples parfaitement dosé.
Et il y a de sacrées histoires sur ce disque. Il y a des larmes et du malheur, des amours difficiles (« Take Off That Dress For Me », d’une simplicité bouleversante), une plongée dans les abîmes (« Seven Horses Seen » : « Hey there little boy / now don’t you be afraid / your father doesn’t love you / and he’s made your mom a slave »), un éloge de la lenteur (« The Cross That Stole This Heart Away », aux frontières d’un slowcore lunaire)… Mais il y a aussi cette éclaircie qui vient finalement, « My God, My God », dont la mélodie a un caractère enchanteur et refraîchissant. Forcément, la fin du disque retrouve sa parure de noir, mais elle s’enlumine de reflets somptueux de cuivres (« Stuck on the Job »), s’aère sur la mélancolique valse de « She’s Building Castles in Her Heart » et finalement étincelle après l’orage de « The Returning ». Après l’orage, le paysage est souvent comme neuf et nettoyé, et c’est un peu ainsi que j’ai découvert le disque au fur et à mesure des écoutes : chacune a enlevé une couche, pour finalement me laisser apprécier pleinement ce beau disque.
Mickaël Choisi
A lire également, sur Micah P. Hinson :
la chronique de « And The Red Empire Orchestra » (2008)
l’interview (2008)
la chronique de « And the Gospel of Progress » (2005)
A Call to Arms
Take Off That Dress For Me
2’s and 3’s
Seven Horses Seen or Through the Hours, Still Comes Another Day
The Striking Before the Storm
The Cross That Stole This Heart Away
My God, My God
The Letter at Twin Wrecks
Watchers, Tell Us of the Night
The Hero Will Never Hang
She’s Builing Castles in Her Heart
The Returning