SYD MATTERS – Brotherocean
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Il n’était pas simple de succéder dignement au magnifique "Ghost Days"; Jonathan Morali, tête pensante incontestée et incontestable du combo l’a fait augustement. Preuve s’il en est qu’il n’y a nul besoin de chercher à réinventer la roue pour avancer à pas de géant, Jonathan franchit une étape supplémentaire, avec des moyens du bord volontairement réduits au strict minimum – et sobrement, il assoit son talent sur un océan de sérénité.
À l’instar des rayons célestes qui transcendent le tohu-bohu de la jaquette (pour le coup, pas très esthétique – seul bémol), il est certain que la grâce divine a dû toucher notre homme, tellement le flot des notes qui s’échappe de ses compositions semble couler de source. Désormais, vous pouvez rentrer les parapluies : avec Jonathan à la barre, plus solaire que jamais, pas même un cumulus n’a l’opportunité de venir assombrir le paysage ; et en capitaine émérite, il emmène ses hommes – qui lui rendent bien – en terre promise. Et, si la mélancolie demeure intrinsèque à Syd Matters, elle fait cette fois-ci la part belle aux trouées joyeuses.
Encore plus que sur "Ghost Days", on perçoit clairement que le quintette forme un tout homogène ; que si Jonathan se tient au centre des créations, ses quatre acolytes ne se contentent pas de venir se greffer à des arrangements prédigérés, mais, au contraire, en constituent une composante essentielle qui donne tout son sens à l’existence de Syd Matters, en tant que collectif.
S’il est un mot qui résume assez bien l’album, c’est sans doute harmonie ; que ce soit vocalement ou musicalement, la communion entre les cinq hommes est parfaite, voire fraternelle – quoi de plus normal pour un album qui s’appelle "Frère Océan". Oui, c’est un véritable cordon ombilical qui relie les cinq garçons.
La voix de Jonathan est impériale ; ses compositions formidablement mélodiques et immédiates, mais, lorsque s’y imbriquent les choeurs veloutés, le clavier chaleureux (très présent), et les percussions calibrées tout en retenue, de ses comparses, l’espace s’ouvre, la musique prend son envol, et "I Might Float" sans craindre la chute.
Il est difficile d’extirper du lot – et c’est bon signe – un morceau en particulier tant chaque titre est brillant ; je dirais, pour la forme, que "Wolfmother", avec sa douce ligne de basse au clavier, contrebalancée de teuh teuh teuh tereuh est particulièrement entêtant ; que "Hi Life" et "Halalcsillag" sont des roquettes chirurgicales imparables ; mais n’ayez aucune crainte, les autres morceaux ne vous laisseront pas en "Rest".
David Vertessen
A lire également, sur Syd Matters :
la chronique de « Ghost Days » (2008)
l’interview (2008)
la chronique de « Someday We Will Foresee Obstacles » (2005)
la chronique de « A Whisper and a Sigh » (2003)
Wolfmother
Hi Life
Halalcsillag
A Robbery
We Are Invisible
River Sister
Lost
Rest
I Might Float
Hadrian’s Wall