TROY VON BALTHAZAR – How To Live On Nothing
(Third Side Records / Discograph) [site] – acheter ce disque
Lettre à Troy : c’est quoi ce Ba(ltha)zar ? Oh… Pas la peine de me regarder avec tes yeux de lapinou déconfit. Comment vivre de rien ? Aurais-tu souscrit à la politique du baron – paresser autant que faire se peut, chaque pas te conduisant inexorablement vers une fin certaine ? Désolé de te tenir ces propos, un peu durs, j’en conviens, mais ce « How to Live on Nothing » me laisse sur ma faim. On ne gaspille pas la nourriture, surtout quand on a des mains en or, comme toi ! Tu nous ouvres l’appétit à coups de pépites qui fondent en bouche comme le meilleur des chocolats belges, puis, histoire de combler les trous béants, tu nous sers de la tambouille melliflue, certes bourrative, mais ô combien dispensable.
Ça commençait pourtant divinement bien : un gros « Catt » rugit pour introduire une magnifique ballade dans laquelle tu mêles ta voix à celle de la douce Adeline Fargier Jasso ; c’est intimiste et à l’orée jouissive du faux, juste comme il faut ; bref, t’es dans le vrai. Tu poursuis avec un titre « Very Very Famous » que le regretté Elliott Smith n’aurait pas renié, dont j’aime beaucoup – pour la manière dont il est placé musicalement – le finale vocal (« yeah… that stair goes nowhere ») – le détail qui fait la différence ! Ensuite, tu bois à outrance pour éloigner « The Tigers » en susurrant quelques mots par-dessus les notes fébriles d’un piano, rattrapé par un clavier et des guitares ensommeillés, et une boîte à rythmes lo-fi, déglinguée – c’est planant. Tu me sors de ma léthargie avec l’entêtant « Hapiness and Joy », puis tu (re)titilles le spectre d’Elliott (« To a Girl With One Wing Gone ») que tu couronnes de petites notes – de guitare – bien personnelles. Excepté « Diamond Brain » – néanmoins passable -, on peut dire que la magie perdure jusqu’à la saccadée « In Limited Light », décadente à souhait avec ses guitares saturées et ses nappes d’électro, tamisées. Ça part en vrille avec « Wings » : tu nous la joues « j’immortalise, à la volée, un moment divin improvisé » ; seulement, voilà, entre un souffle monstre et un peu de gratte basique sans intérêt, il n’y a rien de transcendant. Tu continues de pédaler dans la semoule avec l’insipide « Communicate », puis, dans ta dégringolade, tu t’adonnes à une resucée rock (« Santiago ») dénuée de subtilité. Tu grappilles encore 30 secondes avec « S » qui n’est autre que l’enregistrement inutile de quelques mots, débités par une voix féminine. L’espoir renaît avec le très mélodique « Dots and Hearts » – que vient, à nouveau, magnifier la voix gracieuse d’Adeline Fargier Jasso -, mais s’éteint aussitôt avec le morceau de clôture, flanqué de quelques accords de guitare sèche ennuyeux et de choeurs babas cool – forcément rasant, donc !
Quelques faîtes m’ont donné le frisson, mais globalement, j’en attendais plus de toi. Qui aime bien châtie bien !
David Vertessen
A lire également, sur Troy Von Balthazar :
l’interview (2009)
la chronique de « 3 EP » (2009)
la chronique de « Troy Von Balthazar » (2005)
Catt
Very Very Famous
The Tigers
Happiness and Joy
To a Girl With One Wing Gone
Mt. Balthazar
Diamond Brain
In Limited Light
Wings
Communicate
Santiago
S.
Dots and Hearts
Infinity Face