MELODICA DEATHSHIP – Doom Your Cities, Doom Your Towns
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Vous, je ne sais pas. Mais moi, s’il m’avait été demandé d’imaginer à quoi pourrait bien ressembler du hip-hop irlandais, je pense que j’aurais pu imaginer quelque chose proche de ce que Melodica Deathship propose ici : un spoken word profond, une ambiance mortuaire qui sent l’air iodé de l’Atlantique, une atmosphère marine malsaine aux odeurs d’îles froides et de finistères désolés (ce qui fait sens pour un album dédié au thème de la piraterie), le tout animé, suprême singularité, par quelques airs de mélodica.
Cette entreprise originale est à mettre au crédit d’Exile Eye, MC de Dublin, vieux briscard de la scène hip-hop irlandaise, secondé par d’autres musiciens locaux tout aussi inconnus au-delà de leur île (DJ Mek de Scary Éire, George Brennan de Deep Burial), mais aussi par quelques figures du metal, à savoir le chanteur de Neurosis, Steve Von Till, et le producteur James Plotkin, l’un des compères de Stephen O’Malley au sein de Khanate.
Vu le concept et la guests list, on jurerait qu’Exile Eye a voulu se livrer au défi crossover du siècle. Et de fait, Doom Your Cities…, c’est un peu comme si Augustus Pablo, juste avant son décès, aurait été invité à jouer dans un festival de chants de marins, et qu’il aurait été secondé par erreur par un groupe de rap sombre à la Kill the Vultures ou à la Dälek.
La parenté avec le groupe de Newark, Exile Eye & co l’évoquent avec un hip-hop suffocant et rouleau-compresseur dégainé d’entrée (« Loook To The Sea »), puis à d’autres reprises(« Darknesxs Of Oblivxion », « The Abyxsmal Keeep », « Dub Thirteen »). Mais ils savent aussi emprunter leur propre voie, en mâtinant la formule d’effets dub (« Blaxck Shjip Cxoming », « Embrace Th Chaoxs », le remix de « 1803 »), de passages censés souligner le thème marin, comme en introduction de l’instrumental « Maghera », ou de plages plus conceptuelles encore, comme ce « Blaxck Ship Coming Pt.2 » où on entend grincer les vieux gréements.
Cependant, les titres les plus marquants sont ceux qui laissent le plus d’espace au mélodica, comme ce « 1803 » où il se marie à merveille à une guitare et une batterie très rock et au phrasé sentencieux du rappeur, ou encore ce beau « Wreck O’Th Elizabeth Dane » où le jouet de prédilection d’Exile Eye se fond dans des churs fantomatiques et ce qui semble être une mandoline. Ce sont là les sommets d’un très bon album à propos duquel nous ne regretterons qu’un détail : qu’il n’existe à ce jour qu’en versions vinyle et digitale.
Sylvain Bertot
Loook To The Sea Blaxck Shjip Cxoming
Maghera
1803
Ho! Vaallhaalla
Wreck O’Th Elizabeth Dane
Embrace Th Chaoxs
Bang Out! Cannxnns
Darknesxs Of Oblivxion
Daggger
The Abyxsmal Keeep
Blaxck Ship Coming Pt.2
Dub Thirteen
Ghosxts O’1803 Dub