PHANTOM BUFFALO – Cement Postcard With Owl Colours
(Microcultures / Almost Musique) [site] – acheter ce disque
Phantom Buffalo est un cas particulier dans le petit monde de l’indie pop music. Jugez plutôt, après un premier album enthousiasmant et unanimement salué par la critique outre-Atlantique, le groupe alors nommé The Ponys, change de nom pour ne pas heurter un groupe garage punk portant le même sobriquet. C’est donc trois ans après sa sortie américaine que le premier album de The Ponys, rebaptisés Phantom Buffalo, arrive en Europe via le label Rough Trade, en 2005. Après un second album à nouveau adulé par la critique mais toujours pas couronné par le succès commercial attendu, le combo de Portland se fait gentiment remercier par Rough Trade… Le problème avec ce genre de parcours chaotique, c’est qu’on oublie de parler de musique pour se concentrer sur les déboires divers du groupe. D’autant que, pour enfoncer le clou, le troisième album bizarrement nommé « Cement Postcard with Owl Colours » a aussi une histoire assez originale. Déjà, ce titre d’album assez surprenant viendrait de la traduction google d’une chronique française du premier disque du groupe. Ensuite, l’album, pas encore sorti aux Etats-Unis, bénéficie d’une sortie européenne grâce à un curieux label français, Microcultures, spécialisé dans le mécénat des particuliers. Tout en saluant l’initiative très intéressante de ce label, intéressons-nous maintenant à la musique puisque c’est de cela qu’il s’agit avant tout…
Alors, toutes anecdotes mises à part, que vaut l’album ? Eh bien, avouons que la première écoute est un peu déstabilisante. Sachant que le groupe ne roule pas sur l’or, nous ne sommes pas surpris de trouver une pop un peu cheap dans la production : peu de relief dans le mixage, pas ou très peu d’arrangements de studio… Ecouter « Cement Postcard », c’est un peu assister à la répétition d’un groupe qui élabore ses pop songs devant nos yeux. Mais c’est justement ce qui passionne dans ce disque : ici, pas de faux-semblants, de la musique, rien que de la musique ! Et surtout, ce qui fait défaut dans bon nombre de productions actuelles, de vraies compositions inspirées, à la fois très classiques et très originales.
Pas un hasard si le groupe s’est (re)baptisé Phantom Buffalo. En effet, des fantômes, on en croise pas mal tout au long de « Cement Postcard » : Belle and Sebastian (impossible de ne pas penser à la voix de Stuart Murdoch en entendant chanter Jonny Balzano Brookes), Galaxie 500 (pour l’ambiance vaporeuse de « Weather the Weather » par exemple), The Byrds (« Ray Bradbury’s Bones » semble tout droit sorti de « The Notorious Byrd Brothers ») et bien sûr Pavement (pour le côté work in progress qui transparait sur l’ensemble des titres). Ces références aussi diverses qu’indépassables se trouvent toutes réunies sur le morceau à tiroirs qu’est « Bad Disease », superbe chanson et meilleure porte d’entrée dans ce disque qui mérite d’être apprivoisé pour être apprécié à sa juste valeur.