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Disques

Emmanuel Tugny – EmilyandIwe

EMMANUEL TUGNY – EmilyandIwe
(Vilia Marina / Socadisc) [site] – acheter ce disque

EMMANUEL TUGNY - EmilyandIweAttention OVNI ! « EmilyandIwe » (comprendre « Emily and I, we… ») est le troisième et dernier album d’un type totalement hallucinant : Emmanuel Tugny, diplomate au Brésil, docteur et agrégé en littérature, écrivain et auteur-compositeur-interprète, rien que ça !
Avant même de mettre le disque sur la platine, je suis déjà impressionné par l’envergure du monsieur mais, je l’avoue, plus dans une démarche de curiosité que de réelle fascination. Avec un CV comme ça, impossible de ne pas se dire que l’enregistrement d’un album qui bénéficie d’une si belle brochette d’invités relève un peu du caprice de « premier de la classe ». Eh oui, souvent, les beautiful losers sont plus attachants que les personnes à qui tout réussit…

Heureusement, dès les premières écoutes de l’album, je me rends compte que l’album de Tugny n’a rien de l’exercice démonstratif, hermétique et ennuyeux que laissait deviner sa personnalité complexe. Certes, tout ici semble être fait pour prendre l’auditeur à contrepied, mais d’une manière si habile qu’il ne se sent jamais perdu pour autant. L’album tourne autour de la poésie sombre et torturée d’Emily Dickinson, poétesse américaine introvertie et énigmatique du XIXème siècle qui a passé la majeure partie de sa vie cloîtrée dans sa chambre. Au contraire, le traitement musicale qu’en fait Tugny est tout sauf claustrophobe : cuivres chaleureux, mélodies alambiquées mais pourtant accessibles, tour à tour pop, bossa nova, jazz New Orleans voir même reggae (il faut entendre Tugny réciter « I Died for Beauty » sur une musique estivale qui évoque tout sauf la mort…).
Adepte du paradoxe et du contrepied, Tugny interprète la solitude de Dickinson entouré d’un nombre important d’artistes : amis chanteurs (Olivier Mellano, John Greaves, Yves Simon – intouchable « Raconte-moi », ou Graziella de Michele – excellent « Les Transhumances », entre autres !), orchestre imposant (cuivres, cordes et bois forment le Lady Guaiba’s Swing Band), choeurs sur plusieurs titres (interprétés par une chorale de… collégiens !) et enfin références indépassables convoquées à travers l’exercice éminemment difficile de la reprise (le forcément splendide « I Keep a Close Watch » de John Cale, un Leonard Cohen, un Randy Newman et même deux standards du jazz).

Le miracle, c’est qu’avec autant de monde présent sur le disque, autant de directions différentes prises le long de ces 31 (!) titres (compositions originales, récitations de poèmes, reprises de classiques, le tout alternant allègrement entre langue française et langue anglaise avec même quelques brefs détours par l’arabe et le portugais…), l’ensemble reste tout à fait cohérent. Avec un talent aussi évident pour organiser un ensemble à première vue aussi disparate, on imagine bien le pluridisciplinaire Tugny commencer une carrière d’urbaniste ou d’architecte, au choix ! A moins qu’il se mette aux deux ?

Matthieu Chauveau

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A Morning
The Bee
Wherefore
Cry Me a River
I Died for Beauty (Bossa)
An Easy Morning’s Ride
A Long Long Sleep
EmilyandIwe
A Morning Part II
It Was Not Death
The Good-Morrow
I Keep a Close Watch
Les Transhumances
A Sailor
Tower of Song
Raconte-moi
The Awakening
My Funny Valentine
Memo to my Son
Neige
Love is Sweet
The Flower
The Seven Sleepers’den
Byzance
My Wild Thing
I Died for Beauty (Twist)
The Parting
The Ride
La Belle
An Awful Tempest
Going to Heaven

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