THE THERMALS – Personal Life
(Kill Rock Stars / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
The Thermals a connu un essor fulgurant dans le milieu rock indé aux Etats-Unis, mais peine à trouver une certaine visibilité au-delà de ses frontières. Il y a plusieurs raisons à cela, notamment une prise de position marquante contre la psychose américaine engendrée par les évènements du 11 septembre, ainsi qu’un refus d’utilisation d’un de leur morceaux pour une publicité de 4X4 militaire, qui leur a valu une certaine réputation d’authenticité. En 2008 sortait « The Body, The Blood, The Machine », pavé délicieux jeté dans la mare du puritanisme protestant (d’ailleurs produit par un Fugazi, c’est pour dire), mais aussi excellent dans sa verve de punk hirsute et vengeur. Puis « Now We Can See », sorti sur le label Kill Rock Stars (qui contient tout de même Elliott Smith dans son catalogue) les a vus naître sous un nouveau jour, les éloignant de leur urgence habituelle à vouloir sauver le monde, et précédant « Personal Life », qui apparaît à sa sortie comme une continuité logique.
Le duo guitare/basse enveloppe toujours autant leurs morceaux, taillés à la serpe et extrêmement compacts, fournissant le tapis cagneux idéal pour laisser libre court à la voix si typée de Hutch Harris. Une voix ample, qui rappelle celle des débuts de Green Day et semble braver les affres amoureux dans une subtile association de désespoir et de détermination, de rage contenue et de machinisme enchanté. Comme dans le clip de « I Don’t Believe You », morceau le plus pop et radiophonique, une injonction de deux minutes sur la nécessité d’être à deux, The Thermals se présente comme un groupe enfermé dans une petite boîte. Une boîte de Pandore inversée aurait-on envie de dire, qui les protège le temps d’un album de leurs idéaux politico-religieux pour les laisser se consacrer aux tourments marivaudiens. Travail d’introspection réussi à mon avis, porté par des textes riches en signification, comme on peut s’y attendre d’habitude avec la bande de Portland. D’une cohérence sans faille, le parcours tortueux est d’abord enclenché par le sombre et incertain « I’m Gonna Change Your Life », et terminé par le triomphant « You’ve Changed My Life », en passant par « Never Listen To Me », et « Alone, a Fool », le tout mené comme une revue passionnée dans les entrailles d’une relation de couple. Avis aux anglophones. Vous l’aurez compris, « Personal Life » est un album très personnel, opposé aux croisades que représentaient leur parcours chez Sub Pop, perdant en flammes et en jouvence béate ce qu’il y gagne en bisous déchirés et en vicissitudes amoureuses. Et c’est pas plus mal.
Julien Coquet
A lire également, sur The Thermals :
la chronique de « The Body, the Blood, the Machine » (2008)
la chronique de « Fuckin A » (2004)
I’m Gonna Change Your Life
I Don’t Believe You
Never Listen To Me
Not Like Any Other Feeling
Power Lies
Only For You
Alone, a Fool
Your Love Is So Strong
A Reflection
You Changed My Life