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Concerts

Junip – Stockholm, Salle Strand, 18 septembre 2010

JUNIP – Stockholm, Salle Strand, 18 Septembre 2010

C’est le week-end des élections tri-annuelles en Suède et la salle Strand propose deux soirées autour des sideprojects de deux des artistes nordiques les plus en vue sur la scène indie internationale : Junip de l’Argentino-Suédois José Gonzàles et The Whitest Boy Alive du Norvégien Erlend Øye.
Pas question de choisir entre ces deux là : le week end est bouclé !

On commence donc notre samedi soir par la release party de « Fields », le premier album de Junip. Junip est un singulier side project puisqu’il est antérieur aux récentes productions acclamées de José Gonzàles. Un projet mis en sourdine ou plutôt gardé comme une sorte de terrain de jeu secret donc. Elias Araya (batteur) connaît José depuis de nombreuses années et ils jouent ensemble depuis leur adolescence dans diverses formations hardcore… On est donc très éloigné de la face troubadour sensible, post Nick Drake, plus connue de José Gonzàles. Ce dernier dira d’ailleurs, dans une interview accordée à la revue musicale suédoise Gaffa, qu’il ne se sent pas du tout proche de la scène néo américana suédoise et que ce qui l’intéressait dans Junip, c’était de ne pas centrer les compositions autour de la guitare mais des claviers, notamment du Moog joué par Tobias Winterkorn. Un batteur hardcore, du Moog et José Gonzàles là-dedans : nous étions curieux d’entendre ça !
La salle est bien remplie, peu de hipsters mais beaucoup de jeunes filles, assez groupies (il nous sera difficile d’accéder aux premiers rangs). Au stand de merchandising, les sympathiques disquaires de Record Hunter (qui m’avaient refourgué le plan : attendre la release party pour acheter le disque) proposent le magnifique vinyl, le double CD, les EP de Junip ainsi que les CD de José à prix cassé (70 SEK soit à peu près 7 euros) : drôles de disquaires qui proposent aux clients de faire des économies !
José Gonzàles monte sur scène avec son groupe, accompagné d’un bassiste supplémentaire et d’un multi instrumentiste (congas, diverses percussions et flûte). Le décor est assez beau : l’arrière scène porte le logo de Junip au milieu de nuages rappelant la (très belle) pochette de l’album. De grandes plantes grasses jaillissent d’un pot entre José et le batteur Araya et un « coucou » sur un pied géant trône sur le côté gauche de la scène.
Si l’album nous fait plutôt penser à un big band de José Gonzàles, la version live ressemble beaucoup plus aux notes d’intentions du projet. Effectivement, José Gonzàles fait du José Gonzàles : assis avec guitare classique, il déclame ses curieuses chansons folk mais elle prennent un relief différent, n’étant plus qu’un détail dans le magma sonore qui sort des enceintes. Le rythme y est ici central. Le batteur a bien digéré ses rythmes hardcore et nous propose des beats puissants et tribaux, jamais démonstratifs mais toujours fins. Les claviers, couplés avec la basse, sont rêveurs ou lourds (on n’est pas là pour rigoler) comme sur le titre  »In Every Directions ». Junip est donc bien dans le jus de son époque, louchant sur le krautrock, le surfrock voire l’afrobeat ( »Always »). Encore un beau mélange, assez intuitif et qui ne fait pas apparaître de trop grossiers collages.
Leur plus grande astuce est peut-être de ne pas laisser rythme et mélodie à un seul instrument, ce qui permet ainsi de jouer sur les écarts, les ressemblances et dissonances : batterie/percussions, guitare/claviers, la basse jouant avec les deux groupes.
Le résultat est hypnotique et dansant, intéressant et prenant. Ceux qui trouvent la musique de Gonzàles aride peuvent peut être trouver leur compte ici.
Il n’y a guère de jeu de scène mais la musique est assez fascinante pour nous faire passer un bon concert. José Gonzàles adresse quelques gentillesses au public mais semble toujours emprunté et pas très à l’aise dans ce genre d’échanges : en revanche, lui qui tenait à se concentrer sur Junip parce qu’il en avait marre de tourner (quasi) seul, semble être comme un poisson dans l’eau dans cette oeuvre collective.
La fin du concert sera plus tendue, plus rock, malgré des arrangements magnifiques à la flûte.
Les midinettes s’évaporent au fur et à mesure et lorsque les lumières se rallument, la salle se sera presque vidée d’un tiers.

A la fin, Johanna me demandera si j’ai reconnu leur reprise de Yo La Tengo. Je ne l’ai pas reconnue, voire je ne suis pas sûr qu’ils aient joué un morceau de mon groupe préféré d’Hoboken (peut-être même du monde). Mon après-concert est gâché par cet affreux doute… Si quelqu’un me confirme qu’ils ont joué un titre de Yo La Tengo, je crois que je ne me sentirai plus digne de porter un des mes 12 t-shirts du groupe…

 

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