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Villagers – Becoming a Jackal

VILLAGERS – Becoming A Jackal
(Domino / PIAS) [site] – acheter ce disque

VILLAGERS - Becoming A JackalL’Irlande a son nouveau prodige : Conor J O’Brien aka Villagers, a d’emblée compris que son projet solo serait d’autant plus réussi s’il arrivait à l’ouvrir à la collaboration – preuve d’intelligence s’il en est. Dès les prémices de son échappée solitaire, futé tel le chacal, mais jamais glapissant (tout au plus, hurlant sur le finale du superbe « Pieces »), pour autant, l’ex The Immediate a posé le socle d’une nouvelle vie en s’instituant roi d’une petite bourgade qu’il baptisa Villagers, sobriquet volontairement générique qui reflète assez bien le cadre dans lequel il a voulu libérer la bête qui sommeillait en lui.

Fermement décidé à se produire sur scène au sein d’un son étoffé, le – pourtant – multi-instrumentiste a donc opté, dès le travail de studio, pour une mise en forme collective plutôt que de s’épuiser à orchestrer, seul, chaque note. Le credo bien affirmé, le jeune souverain de 27 ans s’est donc entouré d’une meute de musiciens qui ont su traduire sa volonté sans jamais la trahir, tout en conférant à ses compositions une intensité et une couleur que le songwriter n’aurait jamais pu façonner isolément ; à l’instar de l’illustration de la jaquette, le regard que porte l’homme sur lui-même, à travers Villagers, le transfigure.

Le jeune roi peut être satisfait de sa métamorphose en chacal alpha : « Becoming a Jackal » est une pièce magistrale, une horlogerie fine qui, sous un cadran étincelant de sobriété, renferme une mécanique ciselée qui érige son auteur au rang d’artisan pop de très grande classe. Outre un timbre voix magnifique, une justesse impériale en toute circonstance (qu’il susurre, monte ou descende), et un sens aigu de la mélodie, le chef de clan se paie, en prime, le luxe de compter parmi ses amis et conseillers, Neil Hannon (The Divine Comedy) ; et avoir Thom Yorke et Owen Pallett pour modèles n’est pas vraiment une tare, non plus. Pourtant, si notre homme partage un génie mélodique avec les précités, aucun spectre d’influence ne vient hanter son oeuvre, habitée de pied en cap par sa seule aura.

D’un bout à l’autre de cet album foncièrement sombre, tel un halo lunaire, Conor J O’Brien enlumine l’obscurité jusqu’à lui donner des airs de gaieté. Sa musique, éthérée, s’articule autour d’une guitare qui lui colle aux doigts ; d’un piano et de cordes frottées fantomatiques (« I Saw the Dead »…) ; d’une percussion parfaitement calibrée, bercée de-ci de-là par des clochettes élégiaques ; d’une basse toujours sobre et inspirée ; de choeurs spectraux (« Ship of Promises », qui n’est pas sans rappeler les compositions du talentueux DM Stith ; « Home » ; « That Day »). Parfois, des cuivres ouateux s’invitent discrètement (« The Meaning of the Ritual »), à d’autres moments, des riffs syncopés traversent la brume ; il arrive aussi, malgré des paroles elliptiques plutôt sérieuses, que le ton se veuille plus badin (« The Pact (I’ll Be Your Fever) »). Nul doute que le chacal en devenir est un artiste bel et bien accompli.

Puisse le pacte signé entre les villageois et la bête, être préservé de la fièvre commerciale et des chasseurs de créatures mythiques.

David Vertessen

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I Saw the Dead
Becoming a Jackal
Ship of Promises
The Meaning of the Ritual
Home
That Day
The Pact (I’ll Be Your Fever)
Set the Tigers Free
Twenty-Seven Strangers
Pieces
To Be Counted Among Men

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