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Ceschi – The One Man Band Broke up

CESCHI – The One Man Band Broke Up
(Fake Four Inc. / Equinox Records) – acheter ce disque

CESCHI - The One Man Band Broke Up Yeah, il l’a fait encore ! L’attente a été longue. Mais le temps n’a pas émoussé son talent.

Bon, à dire vrai, Ceschi n’était pas resté inactif pendant tout ce temps. Il avait fait profiter de ses chants ou de son flow les disques d’autres artistes, sorti l’album tant attendu de Toca, lancé une mémorable parodie crunk avec l’aventure Knuck Feast, et surtout créé un label, Fake Four, qui cristalliserait tout ce qu’il restait de remarquable au sein d’une scène rap indé sur le déclin. Cependant, il n’avait plus rien livré en solo depuis ce classique méconnu des années 2000 qu’est  »They Hate Francisco False », et cela commençait sérieusement à faire long. Mais cette année est enfin sorti le troisième album du chanteur, rappeur et multi-instrumentiste latino,  »The One Man Band Broke up », résultat d’un travail de trois ans. Et sur ce disque, notre homme se montre une fois de plus absolument excellent.

C’est encore une nouvelle facette que Ceschi nous révèle ici. Cet album là est moins unilatéralement pop que ce disque de Beatles pour l’ère hip-hop qu’avait été  »They Hate Francisco False ». Les raps sont plus présents et plus visibles, le ton moins personnel. Il s’agit aussi d’un travail plus collectif, puisqu’il résulte d’une collaboration avec le beatmaker allemand DJ Scientist, et que beaucoup d’autres gens y ont contribué, des collègues de Toca comme le frangin David Ramos et Tommy V, d’autres figures du rap indé comme Sole et Astronautalis, les producteurs Radical Face et 2econd Class Citizen, et d’autres encore.

La formule en est donc plus variée. Pour autant, Julio « Ceschi » Ramos ne renoue pas avec les exercices multi-genre tout fous de son premier disque,  »Fake Flowers ».  »The One Man Band Broke up », comme son prédécesseur, nous relate une histoire, il est un concept album qui nous conte les mésaventures d’un nouvel alter ego du rappeur, un dénommé Julius, confronté au monde cruel de la musique, à ses désillusions, à ses groupies harpies, à ses drogues, à ses profiteurs, à ses tournées vides de sens, dont les mésaventures, la nostalgie et les déceptions d’artiste maudit, à forte teneur autobiographique, pourraient tout aussi bien être celles de la scène rap indé dont Ceschi est devenu aujourd’hui l’ultime tête de proue (« The One Man Band Broke Out ») :

The moral of the story is: no one really gives a shit
But don’t cry for the swatted flies, they loved what they did

Ou plus loin, mâtinant ce constat et le ton globalement désespérant du disque d’un brin d’humour noir (« For my Disappointing Hip Hop Heroes ») :

Most of us tried to jump off rooftops and threatened to slit our wrists at 14
Only some succeeded and missed out on the late nineties’ underground rap scene

La musique, elle, est le fruit de la passion commune de Ceschi et de DJ Scientist pour le hip-hop et pour la pop / folk psyché d’il y a quarante ans, d’où ces titres à mi-chemin pile des deux genres, où le chant et le rap se succèdent sans tâche ni accroc, où les beats s’ouvrent aux cuivres, aux cordes, au piano, au banjo, à l’accordéon, et qui chacun ou presque, d’humeur enflammée ou en berne, n’est rien de moins qu’exceptionnel.

L’album le plus attendu cette année dans ce genre, appelez-le indie rap, post rap, folk rap, peu importe, s’avère donc être le meilleur. Et cela, pour les fans de la première heure que nous sommes, est la source d’une intense satisfaction. Julius, le héros suicidaire de ce concept-album, a beau se désoler de la dureté du monde de la musique, nous autres auditeurs, nous qui sommes de l’autre côté, nous lui crions trois fois « hourra ».

Sylvain Bertot

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A lire également, sur Ceschi :
la chronique de « They Hate Francisco False » (2006)
la chronique de « Fake Flowers » (2005)

The One Man Band Broke Up
Half Mast
No New York
Lament for Captain Julius
Fallen Famous
Bridge
Serious Business
Hangman
Bad Jokes
For My Disappointing Hip Hop Heroes
Long Live the Short Lived
Swallowed Salt
Julius’ Final Lament

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