THE CLIENTELE – Minotaur
(Merge / Pointy Records) [site] – acheter ce disque
Il y a quelques mois, Alasdair MacLean avait laissé entendre à Pitchfork que « Bonfires on the Heath », l’un des meilleurs disques de 2009, constituerait probablement le chant du cygne de son groupe The Clientele. Si l’arrivée du volumineux EP « Minotaur » semble aujourd’hui prouver le contraire, il ne faut pourtant pas se réjouir trop vite : ces huit nouvelles chansons ont en effet été enregistrées lors des sessions du dernier album, mais avaient finalement été écartées du tracklisting final du disque. Loin de constituer pour autant des fonds de tiroir, les huit chansons de « Minotaur » constituent un ensemble dense, élégant et cohérent. L’EP s’enfonce un peu plus profondément dans cette forêt à la fois magique et obscure dans laquelle Alasdair MacLean puise encore et toujours son inspiration, un bois fait de rêves et d’apparitions hallucinatoires, où chaque arbre cache un visage et où la chute automnale des feuilles s’apparente à la perte des repères et à l’effondrement de la réalité. « Jerry », en poursuivant la veine électrique du dernier album, offre quatre magnifiques minutes d’alternance entre tension sublime et un fragile apaisement. « Paul Verlaine », tout en trompettes et glockenspiel, nous rappelle combien The Clientele est capable de profondes hauteurs et de grâce, mais aussi de poésie (faire rimer « Paul Verlaine » avec « Porcelaine », l’un des leitmotive du groupe), et de sophistication. L’instrumental « No.33 » laisse place aux réverbérations étranges de « The Green Man », personnage récurrent des chansons du groupe, un récit mis en sons qui cristallise l’ensemble des phobies et des hallucinations de MacLean. « Nothing Here Is What It Seems », conclut Alasdair, dans une chanson qui en effet ne ressemble pas à un « mot de la fin ». On sait le chanteur en pleine préparation de son nouveau projet musical, Amor De Dias, en compagnie de Lupe Núñez-Fernández (du groupe espagnol Pipas) et dont un premier titre, « New Wine », vient d’être divulgué. Difficile, pourtant, de croire que « Minotaur » puisse mettre un terme à un groupe puisant autant dans l’intime, et dont les chansons nous confrontent aussi admirablement avec l’inconscient.
Christophe Patris
A lire également, sur The Clientele :
la chronique de « God Save The Clientele » (2008)
la chronique de « Strange Geometry » (2005)
l’interview (2001)
la chronique de « Suburban Lights » (2001)
Minotaur
Jerry
As the World Rises and Falls
Paul Verlaine
Strange Town
No.33
The Green Man
Nothing Here Is What It Seems