THE TALLEST MAN ON EARTH – The Wild Hunt
(Dead Oceans / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
Comme une impression de me répéter. Oui, encore un musicien / groupe qui vient de Scandinavie, même si son nom de scène ne le dit pas vraiment. Mais si Kristian Mattsson se cache derrière un titre usurpé, ce qu’il mérite amplement, c’est celui de songwriter folk première classe. J’anticipe un peu, mais ce « Wild Hunt » est le digne successeur de « Shallow Grave », paru en 2008 et qui a valu à son auteur une belle note de 8.3 de la part du site américain qui aime les décimales (Pitchfork pour ne pas le nommer), en plus d’une tournée en compagnie de Bon Iver.
Voyager léger est peut-être une des priorités du Suédois. En tout cas, il ne s’encombre pas de superflu : c’est lui et sa guitare, rien de plus… Sauf, disons-le de suite, sur « Kids on the Run », interprétée au piano et bien plus « ample » que les neuf chansons précédentes. Mais le reste respecte l’adage anglo-saxon « less is more » : celui-ci est même poussé à son paroxysme. Ces dix titres sont autant de manifestations d’un talent éclatant, autant d’histoires que l’on prend plaisir à écouter encore et encore. Elles sont habitées par cette voix incroyable, qui fera passer des frissons dans le dos de ceux qui ont toujours eu en horreur la voix nasillarde de Bob Dylan (comparaison quasi-inévitable), mais qui a une force, une vigueur qui transportent les chansons, déclamées plus qu’elles ne sont chantées. Avec sa guitare, on se surprend à chevaucher sous le soleil d’Andalousie en rêvant d’être le roi d’un pays doué pour le football (« King of Spain »), on écrase une petite larme sur les superbement sobres ballades « Love Is All » et « The Drying of the Lawns », ou la mélancolique et rageuse « A Lion’s Heart ». Aucune chanson ne souffre du syndrome du folk pleurnichard : chaque titre est porté par la voix, mais aussi par cette façon de jouer de sa guitare de façon très dynamique, avec juste quelques accords mais une intensité et une sincérité enthousiasmantes (« Troubles Will Be Gone », « You’re Going Back »). Alors, s’il est un peu prématuré de dire que Kristian Mattson est « the tallest man on earth », il prouve qu’il a déjà su s’élever nettement au-dessus de la mêlée.
Mickaël Choisi
The Wild Hunt
Burden of Tomorrow
Troubles Will Be Gone
You’re Going Back
The Drying of the Lawns
King of Spain
Love Is All
Thousand Ways
A Lion’s Heart
Kids on the Run