JENS LEKMAN – Paris, Le Nouveau Casino, 4/08/2010
Alors que la torpeur du mois d’août s’abat implacablement sur la capitale, quelques poches de résistance s’organisent ici ou là dans les salles obscures. C’est la période choisie par Jens Lekman pour faire son grand retour à Paris, après deux ans d’absence (et dans la même salle). Il semble que les fans et aficionados aient organisé en conséquence leurs congés estivaux tant la salle est pleine, prête à accueillir son pote Jens et ses musiciens (7 dont 5 filles et l’ami écossais Bill Wells).
Première observation, le garçon s’est légèrement empâté, disons qu’il a perdu sa bouille de gamin espiègle. Il porte toujours sa clé-mystère autour du coup et ne fait pas vraiment de frais de toilette. S’il n’avait pas cette belle voix souple et puissante, il passerait presque pour le type du service compta au bout du couloir. Mais Jens, c’est évidemment autre chose : un ménestrel égaré au siècle d’Abba et des Bee Gees, un entertainer naturel qui aurait fait ses classes dans des animations de supermarchés, un mélodiste hors pair cultivant son côté kitsch et bricoleur tout autant qu’un parolier touchant et doué, quelque part entre Morrissey et Jonathan Richman. Deux chansons lui suffisent pour nous mettre dans sa poche, dont ce "Opposite of Hallelujah" qui donnera le ton du concert : dansant et bon enfant. S’ensuivent des classiques comme "Maples Leaves", "A Sweet Summer’s Night On Hammer Hill", "Black Cab" qui sonnent comme le souvenir ravivé d’anciens flirts. C’est qu’on en a passé du bon temps à écouter les chansons sucrées du garçon depuis ses premiers Ep enregistrés à la maison il y a presque dix ans ! Quelques nouvelles chansons viennent s’immiscer parmi ces classiques, dont le "The End of The World is Bigger Than Love" propulsé sur internet il y a quelques jours et que tout le public connaît déjà par coeur.
Le concert se déroule sans temps mort, dans une ambiance de soirée de gala à bord d’un ferry. Et toute la croisière s’amuse au son des samples années 70 dont le Suédois raffole, de cette pop tantôt moelleuse, tantôt funky qui vous prend par les hanches. Jens s’amuse à jouer les chanteurs de charme un peu ringue, les crooners d’hôtel faisant semblant d’y croire. Son groupe s’amuse beaucoup aussi, se trémoussant, esquissant des chorégraphies approximatives, sautillant quand le rythme s’accélère. Sa bonne humeur est communicative. Jens sera rappelé deux fois. Il nous quittera sur un "Pocketful of Money" interprété par toute la salle. "I come runnin’ with the heart of fire". Nous aussi Jens, nous aussi.
Luc Taramini
Photos par Guillaume Sautereau
A lire également, sur Jens Lekman :
l’interview (2008)
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l’interview (2006)
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