FRANCOFOLIES – Edition 2010
Sur le papier, la journée la plus alléchante de ces Francofolies était bien celle de vendredi. Sur la grande scène de Saint Jean d’Acre, on pouvait retrouver rien moins que la crème de la crème de la scène française.
Dominique A eut le privilège d’ouvrir le bal d’une soirée délicieuse baignée par une brise à la fraîcheur bien agréable. On aurait néanmoins davantage vu Dominique A un peu plus tard dans la nuit, là où ses chansons taillées pour le clair-obscur prennent un peu plus d’ampleur. Gageons que programmer Dominique A sur la grande scène, outre le fait d’être un signe de reconnaissance, est aussi de la part des programmateurs, un geste d’audace qu’il faut souligner ici. Comme à son habitude, notre homme arrive tout de noir vêtu, un peu impressionné par un parterre déjà bien rempli. D’entrée on est séduit par la qualité du son de la grande scène des Francos. La guitare électrique (Thomas) est mise un peu plus en avant que sur l’album « La Musique ». La modestie le caractérisant, Dominique A s’excuse de son accent hispanique avant de commencer « Hasta Que El Querpo Aguante », titre à la force narrative impeccable. Les morceaux y sont de surcroît un peu plus énergiques et le public a l’air assez réceptif. Derrière mon dos, une bande d’ados, Ray-Ban sur le nez, sont agréablement surpris d’écouter cet artiste qu’ils n’avaient « jamais entendu à la radio ». Ainsi, « Immortels », d’une voix cristalline, capte un auditoire assez attentif avant d’enchaîner sur le morceau de circonstance « Le bruit blanc de l’été ». Les morceaux du dernier album sont les plus nombreux. Toutefois, nous avons droit à « En secret » parsemé de tics nerveux de Dominique A, coup de tête sur les attaques et main droite transformée en métronome. Dominique A, dans la Mecque, se permet une chanson « tordue » avec « Bel Animal » rappelant vaguement certaines compositions de ce bon vieux groupe de Tarwater et même le titre « Manset », plus grand chanteur français à ses yeux. Le public des Francos, bien policé sous tous rapports, se permet même, dans un excès de zèle bien pardonné, de sautiller sur « Je suis parti avec toi », titre presque taillé pour les stades. Le groupe, quatre compères, mène bien sa barque, rassemblé au milieu d’une scène immense. Les claviers ont remplacé la basse. La track-list est idéale : morceaux de bravoure, d’autres plus méconnus alternent à souhait. « La Peau », autre titre à la ritournelle efficace mais quelque peu décalé ici, passe incognito. De la peau moite à l’onglet, il n’y a qu’un pas. « Nanortalik » à la rythmique lunaire et fluide séduit tout autant. L’ado trouve ça même « cool ». Est-ce parce que le temps passe ou parce que la chanson originelle est bien trop éloignée de celle de ce soir, moi qui entendais, à chaque concert de notre homme, les gens s’émoustiller aux morceaux de bravoure, de la reconnaissance. Ici, point de réactions sur le « Twenty-two Bar » argentin ou sur le sautillant « Courage des Oiseaux » version longue. Qu’en pense t-il ? Soulagé ?
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