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Programme – Agent réel

PROGRAMME – Agent Réel
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PROGRAMME - Agent RéelDans un format toujours aussi court et direct, hormis le titre-fleuve « Nous » au nihilisme révélateur, Programme sort enfin son troisième album : "Agent réel", oeuvre d’une noirceur inégalée depuis « Mon cerveau dans ma bouche ». En neuf titres, Arnaud Michniak et Damien Bétous décortiquent « l’effroyable banalité du mal » avec une verve contagieuse. La société du spectacle, l’influence malsaine des mass-médias sont ici la cible d’un opprobre qui prend un caractère de plus en plus radical. A l’écoute, certaines phrases s’imprègnent : « J’aime bien regarder les gens mais de dos » ou « La culture se démocratise mais il n’y a pas de revolver pour tout le monde », hymne désespéré d’une société adepte d’un voyeurisme ravageur.

Ce disque misanthropique parcouru par des boucles électriques aseptisées, guitares rappelant le son du regretté Sloy ou des fulgurances de Teyssot-Gay, est d’une grande cohérence, peut-être plus que « L’enfer tiède » qui s’était permis quelques sémillantes digressions. Michniak, voix claire, juvénile, haineuse, un peu mirliflore, colle, agace à souhait. « Agent réel », titre entêtant, au maniérisme marqué, jouant avec les découpages, maelström de l’absurde, de la perte, précède « Bruit direct », titre en forme de défouloir après l’isoloir qui pose les bases d’un non-retour se déroulant sous nos yeux. Derechef, « C’est une épreuve de force » renforce qu’il est « mpossible d’arriver à quoi que ce soit ». On pourra évidemment trouver de la redondance à tout ça, un côté geignard, donneur d’ordre. « Y a quelqu’un » en est peut-être l’apothéose. Tel un sonar aboyant un état de guerre proche, une odeur de fiel, de putréfaction de plus en plus tenace, on ne peut s’empêcher d’essayer de donner une réponse à tout ça et de remettre en cause les fondements laudator temporis acti. « Ce n’est pas ça », dans une ambiance sonore proche d’une des scènes d’ « Irréversible » de Gaspar Noé, celle de la descente dans la boîte Le Rectum, tente en vain, dans la peau d’un délateur sycophante, d’apporter des non-réponses sur un rythme sadique alors que « Nettoyage éthique » nous rappelle le fameux adage de Le Lay sur le temps de cerveau disponible. Vous en reste-il encore un peu pour ce groupe indispensable ?

Benoit Crevits

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A lire également, sur Programme :
l’interview (2002)
la chronique de « L’enfer tiède » (2002)
la chronique de « Mon cerveau dans ma bouche » (2000)

Je m’appelle
Agent réel
Bruit direct
C’est une épreuve de force
Y a quelqu’un
Ce n’est pas ça
Nettoyage éthique
Nous
N.A.M

 

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