GENERAL BYE BYE – Girouette
(Greed Recordings / Anticraft) [site] – acheter ce disque
Le syndrome du rock français moribond, vous connaissez ? Non ? Eh bien, General Bye Bye non plus, qui s’en fout royalement, et part à l’assaut du rock US par la face nord, la plus abrupte, la plus glissante aussi bref, le versant indé, et plus particulièrement celui où se sont aventurés quelques nobles mélodistes et déflagrateurs sonores de la fin du siècle passé Sebadoh, ou Sonic Youth, mais pas que.
En effet, non content de piétiner allègrement les plate-bandes des groupes pré-cités, le premier album de General Bye Bye affiche un foisonnement instrumental de tous les instants, qui fait de « Girouette » un album à la fois assez référencé et difficilement identifiable, à part l’allégeance parfois appuyée à Blonde Redhead mais c’est peut-être aussi là qu’ils sont les meilleurs : sur « Maniac Mansion », le duo de voix, les riffs de guitare répétitifs, l’énergie brute sur des mélodies malines, le break bien senti en font un petit tube underground en puissance, comme aurait pu l’être le « Futurism vs. Passeism part 2 » des Italo-nippo-new-yorkais. Et que dire des arpèges nerveux sur « Self-Portrait » un titre particulièrement entêtant et efficace, d’autant que le morceau négocie un sublime virage à mi-parcours, en s’orientant vers une luxuriante envolée de cordes.
Et c’est bien dans ces virages, dans ces écarts, dans ce refus permanent de la médiane que réside l’attrait de la musique de nos trois Frenchies et de leur chanteuse allemande, Jana. Et si l’énergie, et la tension, qui traversent l’album, sont constantes, même dans ses creux aux fausses allures de ballades (« Time Is On My Side » rien à voir avec les Stones un arpège léger comme chez Gainsbourg, un air de comptine, mais un tempo ultra soutenu), c’est bien parce que chacun des onze morceaux, à des degrés divers, chemine de façon inattendue et avec des réussites diverses d’ailleurs : mais pour un « Facelift » un peu bancal et mal dégrossi, on aura l’imparable « Alphabet » d’ouverture, brut mais très construit, excellent, ou encore l’éponyme « Girouette ». Avec General Bye Bye, il faudra faire un peu de tri, mais l’accroche est tellement facile qu’on aurait tort de se priver du plaisir épidermique de titres comme « The Neverending Trip » ou celui, plus subtil, de se laisser surprendre par les revirements impromptus des morceaux – par la présence d’un kantele (une harpe finlandaise, apprend-on au passage) ou d’un bugle, par des harmonies vocales bien senties ou par une rupture mélodique judicieuse après un accord lancinant. Bref, « Girouette » est assez hybride, plutôt foutraque, mais on ne tombera pas dans le travers facile de trouver ce premier album trop bien nommé ; coincés, un peu comme le dEUS première période, entre pop radieuse et dissonances, General Bye Bye ne sait pas choisir mais c’est heureux : c’est sur le fil qu’ils sont les meilleurs.
David Dufeu
Alphabet
When It’s Gonna Rain ?
Maniac Mansion
The Neverending Trip
Les Hautes Solitudes
Don’t Shoot the Rabbit
Time Is On My Side
Facelift
Girouette
French Cancan
Self-Portrait