THE BESNARD LAKES – The Besnard Lakes Are The Roaring Night
(Jagjaguwar / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
Après 3 années de repos bien mérité, les Montréalais de Besnard Lakes nous reviennent avec la suite attendue de leur "Dark Horse", premier véritable album du groupe après un essai raté en 2003 ("Volume 1"). L’accueil positif reçu en 2007 n’a pas incité nos québecois à se reposer sur leurs acquis, bien décidés au contraire à faire la différence pour ce troisième opus. Le résultat, un disque plus personnel et esthétiquement moins vendeur, même si le groupe n’y va pas autant qu’on le souhaiterait dans sa logique émancipatrice. Ne boudons pas notre plaisir, il est clair que celui-ci maîtrise désormais ce qui a fait son succès, un post-rock ballotté entre deux pédales à effets servi par un chant aérien sur mesure.
Pour ce nouvel album, Jace Lasek et ses musiciens ont clairement privilégié une composante atmosphérique, sous un habillage très progressif. Ces voix illuminées par les guitares rugissantes ont su échapper à la structure monotone des morceaux pour offrir un rendu musical plus ample qu’auparavant. Il se dégage paradoxalement de l’écoute un sentiment d’etouffement, comme piégé à l’intérieur d’une bouteille, en raison d’une rythmique assez immobile – "Like The Ocean, Like The Innocent Pt. 1: The Living Skies" – et de l’utilisation répétée de thèmes identiques au sein de plusieurs morceaux – "Like The Ocean, Like The Innocent Pt. 1: The Ocean" ; "And This Is What We Call Progress" ; "Light Up The Night". L’ensemble se révèle des plus agréables bien qu’incertain, le groupe préférant une fluctuation musicale permanente à une pop sage et rangée. En jouant sans arrêt sur les variations mélodiques, les Besnard Lakes imprègne leur musique d’une curieuse harmonie, mariage improbable d’un Beach Boys ("Good Vibrations") et d’un Archive ("Lights").
Ce "Roaring Night" souffre néanmoins d’un léger déséquilibre, causé peut-être par une envie de trop vouloir bien faire, rendant le tout inutilement sophistiqué. Les Besnard Lakes s’emmêlent quelque peu les pinceaux, perdent le fil, toujours tiraillés entre le désir d’une pop efficace et d’un expérimentalisme raffiné. De morceaux intermédiaires un peu plats ("Land Of Living Skies Pt. 1: The Land "), on enchaîne au contaire avec d’autres très (trop ?) bien menés – "Chicago Train", "And This Is What We Call Progress", le morceau phare de l’album – ne manquant pas de créer une légère déception. Le voyage nocturne s’achève tout de même sur une note positive avec l’excellent "The Lonely Moan", sorte de slow rêveur et sombre, comme si on invitait Julie Cruise à rechanter son "Falling" d’il y a 20 ans, rien qu’une dernière fois…
Pierre Gourvès
A lire également, sur The Besnard Lakes :
l’interview (2007)
la chronique de « The Besnard Lakes Are the Dark Horse » (2007)
Like the Ocean, Like the Innocent Pt.1 : the Ocean
Like the Ocean, Like the Innocent Pt. 2 : the Innocent
Chicago Train
Albatross
Glass Pinter
Land of Living Skies Pt. 1 : the Land
Land of Living Skies Pt. 2 : the Living Skies
And This Is What We Call Progress
Light Up the Night
The Lonely Moan