WILD BEASTS, VILLAGERS – Paris, La Maroquinerie, 15/04/2010
Alors qu’il est l’auteur d’un album – à paraître – finement ouvragé et richement enluminé, c’est seul que se présente Conor J. O’Brien alias Villagers, songwriter de poche avec de grands yeux et une petite guitare. Par les temps qui courent, quand on est un chanteur tout seul avec une petite guitare, il est préférable de disposer de grandes chansons et de fichues qualités d’interprète pour tirer son épingle du jeu. Très bien placé à ce jeu-là, l’Irlandais marie un songwriting élégant, allant jusqu’à évoquer le Paddy McAloon des débuts en terme de sophistication alambiquée à un lyrisme bien de chez lui, un peu à la façon de son compatriote Emmett Tinley (The Prayer Boat), en plus rageur et moins mélancolique. Un garçon à surveiller donc, qui a déjà quelques chansons imparables dans son carquois prêtes à être décochées ("Becoming a Jackal", premier titre de l’album et single, en est une sacrée).
Ayant découvert très tardivement et récemment les Wild Beasts – je bats ma coulpe, n’empêche qu’avec un nom pareil, je tiens une justification valable à cette impasse), j’ai sans doute un peu envie de me rattraper et c’est avec impatience, enthousiasme et un brin d’excitation que j’attends de les voir sur scène. Voyez vous, j’ai envie de trouver ça bien, je pars du principe que ça va l’être, et j’en oublie d’aller acheter une bière à l’entr’acte. Cela dit, bien, le concert l’est. Las, il manque un petit quelque chose pour que mon impatience et tous ces sentiments qui ne sont plus de mon âge soient comblés. Est-ce l’attente systématique entre chaque morceaux – échange d’instruments, accordage – qui casse le rythme ? Est-ce le mix entre instruments et voix, parfois déficient et confus ? Est-ce un léger manque de nerf, par exemple sur l’introductif "Fun Powder Plot" qui, plombé, ne décolle pas ?
Toujours est-il que malgré ces bémols, il y a du bon à prendre chez ce groupe, dans ses rythmiques un poil tribalo-ethniques mais loin du si tendance clonage des Talking Heads, dans l’exubérance british de son post-punk baroque, dans le jeu de contraste et de cache-cache entre les voix de Hayden Thorpe et Tom Fleming. Et puis du très bon, dans cette poignée de titres à l’étrangeté immédiatement séduisante ("We Still Got The Taste Dancing On Our Tongues", "All The Kings Men", "Hooting & Howling") qui faisaient de "Two Dancers" un must de l’année 2009.
Ni vraiment sauvages, ni totalement bêtes, les quatre garçons quittent au bout de trois quarts d’heure de concert un public sans doute un peu plus chaud-bouillant qu’eux et conséquemment frustré. Verdict : bien, mais peut sans doute beaucoup mieux faire.
Guillaume
Fun Powder Plot
This Is Our Lot
All The Kings Men
Brave Bulging Buoyant Clairvoyants
Please Sir
Two Dancers
Two Dancers II
We Still Got The Taste Dancing On Our Tongues
Devils Crayon
Hooting & Howling
Empty Nest