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White Hinterland – Kairos

WHITE HINTERLAND – Kairos
(Dead Oceans / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque

WHITE HINTERLAND - KairosEn grec classique, Kairos, c’est l’instant décisif, le moment opportun propice à l’action. L’occasion faisant le larron (la larronne en l’occurrence), Casey Deniel abandonne ici l’acoustique folk-jazz de ses précédents disques pour une électronique discrète et tendance. En fait, White Hinterland ravira les amateurs de nouveautés au porte-monnaie troué, puisque acquérir "Kairos", c’est convoquer dans sa discothèque tout ce qui a agité les blogosphères depuis deux ans : boucles ensoleillées et extatiques (Animal Collective), guitares africaines discrètes mais bien là (Vampire Weekend et consorts), polyphonies arabisantes (Dirty Projectors), lames de synthés cristallins (Fuck Buttons), refrains bigger than life après des couplets tout plats (Grizzly Bear), le tout précautionneusement arrangé avec des mitaines mi-fée, mi-sorcière (Saint Vincent). Ya bon, Banania alors ? Oui et non. Il faut reconnaître à Miss Deniel une aisance certaine à fondre toutes ces influences dans une mixture unique extrêmement cohérente sinon agréable. Reste que les mélodies sont les grandes perdantes du lot, à l’exception d’"Icarus" et du délicieux "Thunderbird". Cette attention sonique au moindre détail que l’on retrouve chez les sus-cités va de plus en plus de pair avec l’abandon d’une musicalité pop au profit des structures, de l’ambiance, et j’en passe. Le point de fuite qu’offre involontairement "Kairos" à ces recherches contemporaines s’apparente alors, non pas à un grand-œuvre unissant les contraires, mais à une forme inoffensive de trip-hop ethnique, à destination des galeries d’art contemporain, qui prendra certainement tout son sel sur fond de vidéos concept (accouplement de buffles solarisés au ralenti, ce serait bien). A plus y réfléchir, le tout n’est maintenu la tête hors de l’eau que par des performances vocales évidemment à la Liz Frazer, géniale marraine qui devrait se trouver peinée d’inspirer autant de rogatons sympathiques (cf Holly Miranda). Mignon, et rien de plus.

 

Christophe Despaux

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A lire également, sur White Hinterland :
la chronique de « Phylactery Factory » (2008)
la chronique de « Luniculaire EP » (2008)

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