THE MARY ONETTES – Islands
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Jusqu’à "Islands", The Mary Onettes étaient non sans bonnes raisons considérés comme un groupe incapable de tenir la corde la durée d’un album, malgré, ou du fait, d’excellents singles, qu’il s’agisse de singles officiels ou de singles en puissance ("Under the Guillotine", "Void", "Lost"…), et de parfaites chansons d’introduction et de conclusion ("Pleasure Songs", "Still"…). Un titre sur deux, en clair, dépérissait aussi vite qu’un pissenlit et brisait un pourtant formidable élan initial. Bien que les symptômes soient dans l’ensemble les mêmes qu’auparavant, le traitement que le groupe s’est prescrit – moins de sautes d’humeur, davantage de liant – provoque une inespérée rémission de la maladie. Leurs qualités étant toujours présentes, particulièrement un sens hautement développé du leitmotiv accrocheur, et leurs carences beaucoup moins gênantes, un simple calcul algébrique permet au chroniqueur d’affirmer qu’"Islands" est le meilleur LP du groupe à ce jour et une lourde volée de bois vert lancé au visage de ceux qui ne voyaient dans le quartet suédois qu’un bon groupe hommage à deux des plus grands rois-losers de Grande-Bretagne, Echo & the Bunnymen et les Stone Roses, votre serviteur en tête de liste.
"Saperlipopette, me disais-je en un langage plus fleuri au bout de plusieurs écoutes. Pratiquement tout dans ce disque peu accueillant est ithyphallique !" Pour ma défense, les Mary Onettes n’étaient jamais parvenus à finir une course sans avoir craché de peu ragoûtants glaviots sur les malheureux spectateurs espérant les acclamer. Encore moins à aligner comme ici quatre bonnes chansons à la suite, dont trois excellentes : le brillant incipit "Puzzles", avec son riff de clavier qui ravira les amateurs de belle patine 80’s, le single "Dare" et un langoureux, du moins selon les critères, "Cry for Love" prouvant une fois de plus leur aptitude à trousser des sortes de slows spécialement adressées à la petite classe de jeunes gens se refusant à quelque danse que ce soit, sinon macabre et, on le suppose, purement cérébrale. Sur presque chacun des titres, le groupe avance de nouveaux arguments en sa faveur, dont le moindre n’est pas la judicieuse utilisation de cordes et de choeurs d’enfants, ajoutant un peu de sentiment et de lyrisme à une musique auparavant noyée dans des ambiances parfois artificiellement glaciales.
Au-delà de ses étiquettes d’énième doublon cold-wave d’une part et de nécrophages de morts-nés panthéonisés d’autre part, le groupe scandinave marque son territoire avec une urine qui, pour la première fois de leur carrière, jaillit aimablement en un bel arc au lieu de goutter sénilement sur le bout de la chaussure. Une bonne purge, comme on dit par chez moi.
Julian Flacelière
Puzzles
Dare
Once I Was Pretty
Cry for Love
The Disappearance of My Youth
God Knows I Had Plans
Symmetry
Century
Whatever Saves Me
Bricks