JP NATAF – Paris, La Cigale, 15 Mars 2010
Le rendez-vous était pris depuis longtemps avec JP Nataf pour son grand soir à la Cigale, dans le cadre de la tournée de son album "Clair". L’ex-Innocents, la cinquantaine approchante, entouré de ses amis musiciens, a toujours la pêche et entend bien le prouver à quiconque ce soir sur scène. Au programme, deux heures de concert, des invités, de la générosité, … sauf que j’ai en partie raté le rendez-vous car, chose inhabituelle, le concert a démarré vers 20h15 (après une première partie assurée par Tristan Poupée, soit Jean-Pierre Petit et Benjamin Esdraffo, musiciens de Barbara Carlotti entre autres) à l’heure où certains ferment tout juste le bureau et où d’autres sont encore à l’apéro. C’est donc un peu dépité que je pousse les portes de la salle qui me paraissent lourdes pour l’occasion. Il est là, sur scène, rayonnant. Barbe hirsute, lunettes de soleil vissées sur le nez, Gibson rutilante et voix de miel.
Le public a les yeux qui brillent. Les filles s’abandonnent à leurs souvenirs d’ex-fans des "Inno" en ondulant pudiquement. Ben oui, JP Nataf, c’est le gars qu’on aime bien. Pour beaucoup, l’auteur d’une partie de la bande-son de notre jeunesse maintenant déclinante. Je me fraie un passage dans la foule, joue du chef derrière les épaules d’un géant pour tenter d’apercevoir les gusses sur scène. Les gusses ? C’est comme cela que JP nomme amicalement les cinq musiciens débonnaires qui l’accompagnent (tous plus jeunes que lui). J’attrape au vol "Plus de sucre", constatant que Kim Fahy (des Mabuses) écoute religieusement la chanson à un mètre de moi (j’aurais aimé lui dire que je préfère sa reprise, "Sugarland", mais ravale cette velléité sans intérêt). Puis vient l’odyssée de "Seul Alone" dévoilant la fine dextérité guitaristique du "gusse" Nataf accompagné aux chœurs de la délicate Mina Tindle.
Barbara Carlotti, engoncée dans une robe verte affreuse, entre à son tour, visiblement encore un peu jetlaguée d’un récent voyage en Inde. Elle entonne à la va-comme-je-te-pousse la mélodie d’"A Mandoline" avec un JP aux anges. Les deux complices s’amusent beaucoup. On pourrait leur laisser les clés et quitter la salle qu’ils ne s’en rendraient même pas compte. Encore un ou deux titre(s) avant les rappels. Il est 21h40. Forcément, personne n’y croit. JP revient, balance une vanne sur sa guitare cassée que lui aurait prêtée Bertrand Belin (l’autre grand ami, invité lui aussi pour deux morceaux un peu plus tôt). Il enchaîne avec un titre pas gai du tout, mais sublime de pudeur, "A mon ami d’en haut".
Nouveau faux départ, nouveau retour. JP confesse qu’ils ont joué un peu trop vite le set. Empressement déjà pardonné. Final rock. Belin et Carlotti font les idiots au fond de la scène en moulinant des bras dans une parodie de girls band pompette. Applaudissements nourris et, cette fois, vraie tombée de rideau. Dehors, les filles ont les joues rouges et se remettent de leurs émotions. Les garçons se disent qu’il assure encore sacrément, le père JP. Etrange impression d’avoir assisté à une fête de famille avec, en point d’orgue, le concert du tonton artiste. Happy end de rigueur, tout ça, tout ça…
Luc Taramini
Photos par Guillaume Sautereau.
A lire également, sur JP Nataf :
l’interview (2010)
la chronique de « Clair » (2010)
la chronique de « Plus de sucre » (2004)