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Babybird – Ex-Maniac

BABYBIRD – Ex-Maniac
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BABYBIRD - Ex-ManiacMais si, rappelez-vous, Babybird, c’est Stephen Jones, ce dandy prolo qui a sorti une belle rafale d’albums dans les années 90. Il nous avait bien fait marrer avec ses pochettes aux mises en scène suicidaires un peu cheap, ses rasages loupés, et son éternel look de beautiful loser. Il nous avait aussi bien gavés avec son "You’re Gorgeous", trop entendu, trop rengaine, mais qui laissait pointer (dans les couplets surtout) un romantisme acide. Il nous avait surtout ravis avec cette pop très anglaise qui alliait trivial et intime avec bonheur ("Cornershop", "Jesus Is My Girlfriend" et j’en passe).

Evidemment, cette bouffée de nostalgie va nous rendre plutôt indulgents, donc passons tout de suite au test de la réécoute de vieux albums après dix ans d’abstinence plus ou moins complète. Verdict : excellent. Le son est un poil daté, mais les morceaux restent d’une efficacité mélodique et narrative au-dessus du lot – dans le genre Northern pop, à part Pulp – eux aussi de Sheffield, tiens – on n’a pas dû faire beaucoup mieux. Je me demande même comment j’ai pu m’en passer si longtemps. Bon, certains vétérans défendront sans doute la sophistication des Smiths ou des Bunnymen, mais personnellement je garde un faible pour ce bon vieux Mister Jones, qui n’a pas pris la grosse tête pour un sou, et qui continue son bonhomme de chemin avec sa hotte à chansons – il en avait déjà 400 sous le coude (et enregistrées en démo) au moment de "I Was Born A Man". Voilà qu’avec "Ex-Maniac" il réouvre la boîte de Pandore, et sort onze compositions d’aussi bonne facture que dans les nineties.

Et c’est comme si, curieusement, rien n’avait changé. Au début on se laisse toujours un peu bercer par le cool du bonhomme, la production sans grand relief, la banalité apparente de certaines paroles (sur "Roadside Girl" : "Without you I’m nothing I’m noone") mais après quelques écoutes un peu distraites, quelques morceaux émergent (la ballade "Send Me Back My Dreams", superbe, ou la guitare de Johnny Depp sur le single "Unloveable", si si). Deux écoutes plus tard, l’album prend de la cohésion, et on est obligé de reconnaître à Stephen Jones un sens de l’équilibre joliment maîtrisé, et une voix certes pas extraordinaire en soi mais toujours empreinte d’un mélange de nonchalance et de fêlure qui fait une bonne partie du charme du personnage. Résultat : un album sans sommet évident (le single a sans doute été choisi pour les fans de Depp) mais sans creux non plus. Incurable romantique, Babybird ressasse ses obsessions avec la même ironie douce-amère, mais ne paraît jamais désabusé. D’ailleurs, si l’on doit trouver un sens au titre de l’album ce sera plus dans "Maniac" que dans "Ex" que l’on ira voir, ou bien sur la pochette où les mains de Jones sont tatouées de deux indélébiles "Love" – les mains d’un Mitchum qui ne serait qu’amour… l’obsession récurrente, la mono-manie de Babybird. C’est même sur ce point que j’émettrai une réserve : l’Anglais ignore tellement le cynisme qu’il en perd un peu de sa verve, et que l’album penche vers le pur lyrisme plus souvent qu’à son tour, ce qui nous prive des saillies mordantes, ou des récits cocasses, dont ses anciens albums étaient davantage émaillés. Mais bon, reste le plaisir des retrouvailles, et cet équilibre unique entre le show et le dénuement le plus total – il faut bien dire que dans ce domaine, Babybird n’a rien perdu de son panache.

David Dufeu

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Like Them
Drug Time
Failed Suicide Club
Unloveable
Send Me Back My Dreams
For the Rest of Our Lives
Bastard
Roadside Girl
Black Flowers
Not Good Enough
On the Backseat of Your Car

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