HOMELIFE – Exotic Interlude
(Humble Soul / Discograph) [site] – acheter ce disque
Il faudrait déjà bien plus d’une colonne, ne serait-ce que pour présenter correctement ce collectif à géométrie variable, trop méconnu par chez nous. Je me limiterai donc à l’objet du jour, à qui il ne faudrait surtout pas voler la vedette, tellement il est beau. Tout est dans le titre : je dirais que cet opus est, dans l’histoire du groupe, un interlude, lui-même traversé d’intermezzos exotiques (le titre éponyme…). Interlude, non parce qu’il aurait pour vocation de faire patienter l’auditeur jusqu’à la prochaine sortie, mais bien parce qu’il n’est le fruit de la passion que de deux des membres – fondateurs tout de même – du groupe, Tony Burnside et Paddy Steer. Et forcément, quand on sait qu’il n’est pas rare que la formation compte une bonne dizaine de musiciens, on pouvait craindre d’éprouver comme un sentiment de désertion. Il n’en est rien, je parlerais plutôt d’oasis au milieu du désert. Intime et sobre, c’est une pièce montée des grands jours que nous servent nos deux sioux, qui officient derrière chaque instrument, dans un mélange bien pesé de sagesse et de folie douce.
Au premier souffle, on reconnaît la patte Homelife, plus home que jamais. Il y a ce son de salon, bricolé, mais jamais lo-fi ; ces percussions millefeuilles, pas toujours identifiables (shakers divers, cloche, congas, guiro, balafon…) ; ces cassures surgies de nulle part, tout aussi antagoniques que génialement symbiotiques.
Au second souffle, on découvre une autre facette, plus acoustique, certes traversée ici et là par une guitare électrique obscure, par des choeurs seventies, ou par un beat rétro déglingué, mais jamais, pour autant, décontenancée.
A la fois jazz, soul, pop, folk, blues, et reggae, "Exotic Interlude" est une sorte de recueil de chants de Noël, version tahitienne : en toile de fond, nos deux Santa Claus en bermuda installent une chaleur apaisante, à travers les six cordes slidées d’une guitare hawaïenne. Alors, retentissant dans l’écho des vagues, les ballades lunaires, foncièrement mélancoliques, s’emplissent d’allégresse, et prennent la couleur d’un coucher de soleil sous les tropiques. Aloha!
David Vertessen
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