FIELD MUSIC – Measure
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On entre dans le nouveau Field Music comme une boule dans un flipper : on en prend plein la tête sans avoir la moindre idée de l’endroit où le prochain coup va nous mener. L’appréhension de les voir perdre une part de l’inspiration à l’origine du magnifique "Tones of Town" se dissipe très rapidement : ce "Measure", double album, se présente à nous tel un monolithe d’une telle densité qu’il s’avère parfois ardu à appréhender. Les guitares acides pleuvent, les parties acoustiques sont magnifiées par la stéréo – on est clairement dans le style d’album à écouter au casque pour que les multiples subtilités se révèlent à nous -, les pianos résonnent, majestueux. Il est néanmoins complexe de maintenir l’intérêt et l’originalité sur la durée complète du double album : en cela, il convient de découper le disque en plusieurs phases d’écoute : ainsi allégée, l’écoute se fait plus libre et l’album s’ouvre à nous. Field Music a hérité des francs-tireurs arty XTC et Talking Heads ("Share The Words") ce sens des cassures rythmiques, des mélodies alambiquées, des constructions équilibristes. Parfaite illustration de cet état de fait, "All You’d Ever Need to Say", dont les guitares dissonnantes semblent directement tirées d’ "Histoire de Melody Nelson", le très floydien "Lights Up" ou "Let’s Write a Book", déflagration néo-funk aux accents new-wave qui frappe les esprits par son vibraphone malade et son nappage de synthés. Cette perfection technique aurait parfois mérité un petit supplément d’âme. La précision clinique de chaque morceau en enlève parfois la chaleur, et c’est dans les morceaux les plus vocalement aboutis et, paradoxalement, les plus simples techniquement, que l’on décolle véritablement, sans se poser de questions : "The Rest Is Noise", "Choosing Numbers", ou encore "Precious Plans", dans lesquelles le groupe ressort les guitares acoustiques et convoque l’esprit de Crosby, Stills & Nash pour une petite séance d’harmonies vocales improvisée à donner des frissons. "Something Familiar", très power-pop, rappelle à notre bon souvenir les excellents Raspberries. Mais le clou du spectacle est bien le grandiose "Measure", empli de guitares acoustiques, cordes et percussions en tous genres. Un album impressionnant, parfois même épuisant par la richesse des arrangements et la profusion d’idées mélodiques qui donnent l’impression que chacune des vingt chansons de l’album implose sous nos yeux.
Frédéric Antona
A lire également, sur Field Music :
la chronique de « Tones of Town » (2007)
In the Mirror
Them That Do Nothing
Each Time is a New Time
Measure
Effortlessly
Clear Water
Lights Up
All You’d Ever Need To Say
Let’s Write a Book
You and I
The Rest is Noise
Curves of the Needle
Choosing Numbers
The Wheels Are in Place
First Come the Wish
Precious Plans
See You Later
Something Familiar
Share the Words
It’s About Time