DYLAN MONDEGREEN – The World Spins On
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"I spend too much time alone / Just listening to my favourite songs". Il avait suffi de cette chanson sortie en 2007 pour faire du Norvégien Dylan Mondegreen notre meilleur ami, ce confident imaginaire avec qui partager toutes ces chansonnettes pop qui, au fil des ans, hantent notre coeur d’artichaut au point d’y prendre toute la place et d’en rythmer les battements. Mais trop vite labellisées "suédoises", les chansons de Mondegreen (de son vrai nom Børge Sildnes) avaient pourtant souffert de la trop grande discrétion de leur auteur, le condamnant à un succès confidentiel, confiné principalement au Japon et aux Philippines ainsi qu’à quelques bloggueurs dévoués.
Comme en réaction à cette timidité mal assumée, "The World Spins On", second album de Mondegreen, s’ouvre telle une fenêtre sur le grand air. "(Come With Me to) Albuquerque" ressemble en effet, en plus carré, aux premières chansons des Kings of Convenience. "The World Spins On" rappelle quant à elle les meilleurs morceaux de Pelle Carlberg. Plus généralement, les chansons perpétuent d’ailleurs cet esprit insouciant et délicat déculpabilisé il y a quinze ans par Belle and Sebastian. Mondegreen use du coup, comme d’autres avant lui, de solos de trompettes entre deux accords de guitare acoustique et de piano. Les arrangements de cordes, tout en discrétion, respirent les soirs d’été et la légèreté, que seul vient de temps à autre voiler la mélancolie d’un glockenspiel. Les compositions s’enchaînent agréablement, classiques à défaut d’être originales, et il faut finalement attendre "Love Has Overtaken Us" pour atteindre l’émotion moins prévisible et plus profonde de "My Favourite Songs" qui avait marqué le premier album. Le manque d’épaisseur et d’ambition est alors ce qu’on pourrait reprocher à ce disque en apparence un peu trop propret, dont les chansons semblent parfois tourner en roue libre. Pas de tube, ici, aucune volonté d’impressionner à tout prix avec des effets spectaculaires ou des qualités de virtuose. Dylan Mondegreen semble trouver confortable la place qu’il s’est choisie contre la fenêtre, au fond de la classe, et qui lui permet de rêver seul à haute voix. C’est ce chant, à la fois habité et entraînant, qui parvient d’ailleurs à propulser chacun des titres vers le haut, grâce à cette voix qui semble cristalliser à elle seule l’ensemble de la pop scandinave de ces dernières années. Il n’y a pas de place pour le tout venant dans le rapport d’intimité total qu’imposent les chansons de Dylan Mondegreen . Nul doute pourtant qu’elles feront mouche auprès des quelques heureux élus pour qui elles deviendront, à leur tour, des "Favourite Songs".
Christophe Patris
(Come With Me to) Albuquerque
The World Spins On
Bantamweight Boxer
A Skin Too Few
I’ll Be Your Eyes
We Cannot Falter
Deer in Headlights
Love Has Overtaken Us
Gang Of Two
Last Day of Harvest