THE LIMES – The Limes
(Sauvage Records) [site] – acheter ce disque
Quand j’avais 12 ans il m’arrivait d’écrire à Frank, mon "corres’" allemand. Je me limitais à des lettres tronquées, centrées sur des sujets passionnants tels que la couleur des yeux de sa sœur ou le nombre de pattes de son chien. En échange il m’envoyait quelques lignes pour s’enquérir de la couleur de la voiture de mon père ou du nombre de queues de mon chat. Ca a duré quelques semaines, j’en ai vite eu marre et Frank a gentiment oublié mon adresse. Cette idée de créer des amitiés internationales avec, pour seules armes, un stylo et un dictionnaire bilingue était, il faut le dire, un peu saugrenue. Mais il semblerait que quelques obstinés, avec des centre d’intérêts un peu plus excitants que leurs proches et leurs animaux, ont réussi là où j’ai échoué.
The Limes, bien au-delà des frontières et par la magie de l’internet à haut débit, réunit des protagonistes disparates par la seule force de la musique d’obédience pop. Les dix titres de leur album, écrit par correspondance entre Paris et les Etats Unis, sont cohérents, délicats, aboutis et marqués du sceau de la mélancolie qui sied si bien aux grands voyageurs.
Les membres de ce groupe virtuel (David Simonetta -de Toy Fight-, Orouni et Mina Tindle depuis Paris, John Hale et Brent Ballantyne depuis les Etats Unis) remplacent proximité par inventivité et souci du détail. Même si on reconnaît les silhouettes brumeuses de Mina Tindle et Orouni, sur chacune des compositions, plutôt que leur habituel dépouillement folk, ils se présentent ici sous de nouveaux déguisements pop ("Miniature"), ou pop-rock ("The Snake") qui ne déplaira pas aux amateurs de pop 60’s élégante. Le groupe transatlantique fait preuve de raffinement et d’un goût certain pour le travail d’artisan. Leurs chef d’œuvre à eux sur ce coup d’essai est sans nul doute "Beyond Blue". Une chanson de west coast pop subtilement orchestrée et très réussie qui mérite de nombreuses réécoutes. Les neuf autres chansons sont plus discrètes, préférant les ambiances intimes aux spot-lights. Le charme de l’album opère donc lentement et malheureusement jamais totalement. Les chansons sont jolies et attachantes mais il leur manque un petit je-ne-sais-quoi pour qu’elles soient vraiment réussies. Comme Frank, mon corres’ allemand, elles lassent un peu au bout de quelques semaines.
Gildas
The Snake
Beyond Blue
Miniature
São Francisco Waters
City Lights
Morning, Noon & Night
Left Hand Cycles
Dead Furniture
Big Top Head
Between Roof & Bird