RIVKAH – Second
(Autoproduit)
Rivkah est une jeune femme aux talents multiples. Dessinatrice et illustratrice, elle signe elle-même la pochette (charmante) de ce disque, y apportant une touche de grâce et de finesse. Si elle est aussi créatrice de vêtements, c’est par le biais de sa musique que j’ai entendu parler d’elle.
J’avoue ne pas connaître le reste de son oeuvre, mais ce qu’elle a enregistré pour ce deuxième disque est absolument superbe, une magnifique surprise, comme l’on est toujours content de découvrir lorsque l’on met pour la première fois le cd dans le lecteur. L’univers de Rivkah n’est pas définissable avec précision, ses contours sont poreux, mais c’est pour mieux saisir les différentes subtilités, les nuances et émotions que peuvent véhiculer pop, folk ou même jazz. Jamais anecdotiques, toujours ambitieuses dans leur écriture, chacune des treize chansons qui constituent "Second" témoigne d’un grand talent et d’une sensibilité touchante chez son auteur.
Autour du thème de l’amour, des relations à deux, notre chanteuse tisse une toile émotionnelle dans laquelle on prend plaisir à se faire capturer. Sur des structures assez simples en apparence, laissant la part belle à son piano et sa voix chaude, Rivkah glisse de magnifiques petites touches, si subtiles qu’il est parfois difficile de mettre le doigt dessus, malgré un charme immédiat. Elle évoque ainsi superbement l’acte charnel sur "Interlace Me", la perte de l’ami chéri mais perdu ("My Friend") sur laquelle se glisse un harmonium soufreteux et lancinant, la naissance de l’amour ("My Love Is Growing", superbe ballade où This Is the Kit vient ajouter un banjo subtil) ou encore "Silly Girl" qui évoque la douleur qui vient parfois après, au travers d’une construction qui évoque bien les hauts et les bas décrits dans le texte. L’intrigant "Sister" ou le dépouillé "Song" continuent de charmer, sans jamais laisser paraître de compromis : à chaque titre, une audace se glisse, l’ambiance se brouille, de petits arrangements viennent surprendre, préservant ainsi la force et la justesse de chaque titre. S’il est difficile de classer précisément Rivkah dans une catégorie, peut-être peut-on la rapprocher d’une Kate Nash (sur "Write For Me") avec moins de gimmicks vocaux, mais plus souvent c’est vers le dépouillement du "White Chalk" de PJ Harvey qu’il faut chercher, sans jamais que l’on sente que c’est une influence pesante, et d’ailleurs, elle n’hésite pas à s’en défaire assez régulièrement. Les harmonies vocales, le piano et le banjo de "Do I" font encore merveille, et même sur les titres a capella (avec This Is the Kit sur "Getting Old", presque gospel, ou encore l’interlude "Stubru", où se glisse juste la trompette de Lorie Sean Berg), il y a cette lumière, cette vie qui émane de la musique de Rivkah : musique d’émotions, musique de sentiments, elle est un modèle de justesse et de grâce. Somptueux, ni plus ni moins.
Mickaël Choisi
Top of the Hill
Interlace Me
My Love Is Growing
Silly Girl
My Friend
Stubru
Sister
Song
Write For Me
Do I
My Friend 2
Getting Old
Sleeping Beauty