YACHT – See Mystery Lights
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Mon premier souvenir de Yacht, c’était lors un concert d’Architecture in Helsinki : il faisait la première partie, et je crois que j’avais été marqué par l’aspect plus que bondissant du bonhomme, plein d’énergie et qui allait de son laptop au devant de la scène à toute allure en sautant comme un kangourou. Probablement que s’il avait pu, il aurait sauté avec son laptop dans les bras, et je crois (mais des tas d’autres concerts sont passés par là) me souvenir que j’en avais gardé un souvenir assez sympa, electro-pop bidouillée et fun, plus que tout à fait captivante, pour être franc. Depuis ce souvenir datant de 2007, Yacht avait disparu de mes écrans radars, jusqu’à aujourd’hui, où je le retrouve d’ailleurs accompagné : au gaillard bondissant qu’est Jona Bechtolt s’est ajoutée Claire L. Evans.
A dire vrai, ce disque est plutôt bizarre, parfois déroutant, plus rarement enthousiasmant, mais il faut reconnaître qu’il y a de l’idée. Mais là où Animal Collective arrive (souvent) à faire surgir une mélodie pop dans un maelström de couches électroniques, Yacht se prend plus souvent les pieds dans le tapis. L’ouverture "Ring the Bell" est inodore, mais "The Afterlife" remonte rapidement le niveau. Si c’est ce qui attend les mortels après leur mort, alors il faudra mourir en bonne condition physique (ce qui peut sembler étrange, j’en conviens), puisque le titre est assez dansant et d’ailleurs en bonne partie analogique, ce qui assure un petit groove sympathique, prolongé adroitement sur la fin par les nappes synthétiques. Grosso modo, on est quelque part à la croisée des chemins entre The Go Team ! (le chant féminin) et LCD Soundsystem (rythmes de club). La synthèse marche d’ailleurs encore mieux sur "I’m in Love With a Ripper", syncopé et encore plus dynamitant pour les jambes, quand elle n’est pas étendue (avec succès) sur près de 9 minutes sur "It’s Boring / You Can Live Anything You Want". Le chant semble cependant parfois bien superflu : par exemple, sur "Summer Song", c’est la grosse ligne de basse et les claquements de main qui donnent le "la" et tirent le morceau en avant, même si l’empreinte pop disparaît presqu’intégralement au profit de ce rythme dansant et sombre en même temps. Mais finalement, ce n’est pas forcément plus mal, parce que l’exercice pop n’est malheureusement pas celui que maîtrise le mieux Yacht, se perdant dans un côté nonchalant qui nuit à l’efficacité des compositions ("Don’t Fight the Darkness", "We Have All We’ve Ever Wanted"). Parfois bien patauds, ils n’arrivent pas franchement à déclencher l’enthousiasme chez l’auditeur, qui n’a que le sympathique "Psychic City (Voodoo City)" comme réussite pop, alors que le titre a quelques bases qui méritaient d’être réutilisées (décontraction et énergie à la fois, aspect chaloupé). On peut aussi s’interroger sur la présence des deux remixes en fin de disque, venant finalement confirmer l’impression de brouillon du disque, un peu arty, un peu électro-pop, mais dont les idées sont trop éparses et les fulgurances trop rares pour égaler les canons du genre.
Mickaël Choisi
Ring the Bell
The Afterlife
I’m In Love With a Ripper
It’s Boring / You Can Live Anywhere You Want
Psychic City (Voodoo City)
Summer Song
We Have All We’ve Ever Wanted
Don’t Fight the Darkness
I’m In Love With A Ripper (Party Mix)
Psychic City (Version)