THE MOJOS – Everything’s Alright : The Complete Recordings
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Relégués dans les oubliettes de l’histoire officielle de la pop, en dépit d’une fameuse reprise de Bowie dans Pin-Ups, les Mojos étaient pourtant un des groupes les plus charmants de l’invasion britannique. Originaires de Liverpool et d’abord connus, façon de dire, sous l’étiquette The Nomads, Adrian Wilkinson (guitare), Bob Conrad (batterie), Stu James (chant, harmonica) et Keith Karlson (basse) n’étaient pas, contrairement à leurs camarades du Merseybeat, de grands admirateurs de R’N’B et de rock’n’roll à la Cliff Richard. Eux préféraient largement le vieux blues américain, reprenant Chuck Berry ou Muddy Waters. Avec O’Toole, pianiste de jazz engagé sur la recommandation, excusez du peu, de George Harrison comme cinquième membre et claviériste, The Mojos est un des seuls groupes merseybeat à être signé sur le label Decca, fief des Stones. Début 1964, le groupe occupe les charts anglais pendant onze semaines avec leur second single, "Everything’s Alright". Exploit qui n’aura guère de suites… Incapables de se forger une identité musicale et visuelle nécessaire à tout succès de moyenne ou longue haleine, les Mojos, malgré un excellent EP, furent très vite considérés par Decca comme une cause perdue. Très vite, c’est-à-dire dès… fin 1964. Ils font tout de même une apparition dans le film "Seaside Swingers", essai quelque peu pathétique pour récolter du cash en profitant du tsunami "Hard Day’s Night", tout en demeurant totalement invisibles. Pas d’entrée dans le Top 30 dans les années soixante équivaut au peloton d’exécution. Conrad, Kalson, O’Toole quittent la formation, Stu James devenant seul maître à bord d’un navire ayant, commercialement parlant, déjà franchement coulé. Les différents membres feront ensuite carrière en tant que musiciens de studio pour Bowie, justement, ou Frank Zappa.
Bon. Comme son nom l’indique, "Everything’s Alright : the Complete Recordings" est le disque définitif que tout fan hardcore se doit de posséder, battant d’une bonne longueur la compilation de 1982, "Working", qui se focalisait sur le catalogue Decca 1963-1965. Bien que la discographie du groupe soit pour le moins sommaire, cette anthologie possède le grand mérite de proposer tous les titres des Mojos dans leur ordre chronologique de publication. Outre l’ensemble des titres publiés par Decca jusqu’en 1967, on trouve également pour la première fois reunis le très rare "My Whole Life Through", premier titre de la formation, sorti sur l’introuvable "This Is Merseybeat vol. 2", et les deux faces du single "Until My Baby Comes Home/Seven Park Avenue", parus sur l’obscur label Liberty en 1968. Une vue d’ensemble permettant de comprendre à peu près comment le groupe est passé en quelques années d’un titre merseybeat basique à un boiteux exercice pop-rock dans le ton de la fin des années soixante. Entre ces deux titres, les Mojos, sorte de cousin germain de Manfred Mann, en certes beaucoup moins talentueux, ont tout de même écrit plusieurs pépites du genre que les archéologues (re)découvriront probablement avec grand plaisir. Pour ne rien gâcher, le livret contient des notes plutôt érudites sur l’histoire du groupe et de belles photographies. En somme, une sortie pour le moins soignée.
Julian Flacelière
My Whole Life Through (The Nomads)
They Say You Found a New Baby
Forever
Everything’s Alright
Give Your Lovin’ to Me
Why Not Tonight
Don’t Do It Anymore
Seven Daffodils
Nothin’ at All
I Got My Mojo Working
One Who Really Loves You
Nobody But Me
Comin’ on to Cry
That’s the Way It Goes
Wait a Minute
Wonder If She Knows
Goodbye Dolly Gray
I Just Can’t Let Her Go
Until My Baby Comes Home
Seven Park Avenue