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Concerts

Atlas Sound – Paris, le Point Éphémère, 16/11/2009

ATLAS SOUND, CHOIR OF YOUNG BELIEVERS – Paris, Le Point Éphémère, 16/11/2009

Décidant de combattre une addiction naissante à la série True Blood, je me rends au Point FMR (rien à avoir avec la revue de luxe) pour découvrir sur scène Atlas Sound dont le "Logos" récent m’a ravi.

En amuse-gueule, de sympathiques gréco-danois, Choir Of Young Believers, ouvrent le bal avec leur pop haut perchée. Grande mode du moment, un chanteur barbu combattant son léger surpoids et la timidité qui va avec par le lead-vocal et la guitare dans un groupe de rock. Jannis Noya Makrigriannis chuchote d’une toute petite voix entre les morceaux, c’est mignon, on en serait presque acquis. Il arbore aussi une amorce de banane, faute de goût chevelue qu’on retrouve partiellement dans la musique de ses Jeunes Croyants. Un mot du line-up : guitare-basse-batterie – classique – adjointes d’une violoncelliste branchée sur l’électrique qui rend le son un brin curieux. Pour le reste, de la pop-folk sous influence Fleet Foxes/Bon Iver (au secours !) avec d’étranges passages shoegaze-métal, comme si Slowdive se décidait à reprendre Metallica pour faire moins fillette au détour d’un pont. Pas spécialement convaincant sur la longueur mais deux morceaux ont éveillé un réel intérêt chez votre serviteur dont "Action/Reaction" en écoute ici et qu’on a découvert livré dans une version bien plus roots (les deux nous plaisent finalement, comme on est conciliant !).

Alors qu’on en est encore à vanter la fantaisie débridée de la nouvelle série d’Alan Ball à un ami clown incrédule, une silhouette dégingandée prend place sur une chaise au devant de la scène. C’est Bradford Cox, chemise longue, lunettes noires, visiblement remis de la pneumonie qui l’a cloué plusieurs semaines au lit. Il est clairement dans un de ses bons jours et imite l’accent français pour présenter son projet réduit à lui-même, Atttelaz Saounde – cocasse.

Atlas Sound

Le premier morceau a été écrit l’avant-veille, raconte-t-il tandis que le rejoignent discrètement les COYB, backing-band dont on saisit mal les interventions. Après cette entrée en matière mi-figue-mi-raisin (un boeuf invertébré) Cox étreint chacun des Believers, se rassoit et rentre dans le gras du concert qui s’avère tout aussi frustrant. Comme on a le dernier épisode de la saison de "True Blood" à voir, on va être analytique, Atlas Sound sur scène, c’est de l’improvisation, de la dilution et de trop rares incisions. Cox n’ose pas l’acoustique pur et dur et procède par loops qu’il amoncelle en succombant à son péché mignon – l’écho (sur les voix, guitares, tout). Après avoir longuement posé les fondations de la chanson ralentie jusqu’à la rendre méconnaissable, il se lève, rejoint la batterie (qu’on avait donc laissée là pour autre chose que faire joli), tape sur les fûts un tour de trotteuse en chantonnant (ou pas), et retourne à sa chaise pour l’outro ou la reprise du premier couplet. Le tout entre 6 et 10 minutes d’une intensité moindre si l’on n’a pas pris de suppositoire opiacé avant. "Criminals," "Shelia", "Kid Klimax" et "Walkabout" subissent tous ce traitement et c’est particulièrement dommage pour KK dont les trois premières minutes guitare-voix étaient splendides et fort différentes de la version studio. Le reste du concert sombre dans le prévisible et l’on se prend à penser à la fratrie Stackhouse, si hautement bandante, qu’on a délaissée pour ce pédiluve de boucles carillonnantes. On est réveillé de sa torpeur par l’horrible massacre que Cox fait subir à l’une de ses plus belles chansons, "Rainwater Cassette Exchange" signée Deerhunter, et qui ressemble ce soir-là à une méduse asthmatique. Ouf, vient le merveilleux moment du rappel ! Le très guilleret Bradford demande pour la énième fois si Dennis Cooper est dans la salle (le running-gag du show). Mais non, l’écrivain trash-gay n’est point là – on l’envierait presque – une fan à voix adolescente demande "Cold As Ice" et, surprise, le résultat, pourtant au débotté, est plutôt satisfaisant comme le serait le final – "Attic Lights" – dégraissé d’une bonne moitié de chichis soniques (voir plus haut).

Verdict : Cox a une belle voix et un immense talent (cf : ses chansons non-défigurées), mais entouré d’un groupe, ses prestations sont plus fortes et moins touche-pipi (même si paradoxalement l’unique exemple à notre portée, le concert de Deerhunter à Villette Sonique, était un grand moment de je-m’en-foutisme et de n’importe quoi).

Atlas Sound

Cela n’empêche évidemment pas d’écouter ses disques magnifiques qu’on recommande à tout être un peu sensible et de goût (j’extrapole certainement peu les qualités de maints lecteurs de POPnews, hein ?)

Bon, et maintenant, Sookie et Jason, attendez-moi, j’arrive…

Christophe Despaux
Photos par Robert Gil.

A lire également, sur Atlas Sound :
la chronique de « Logos » (2009)

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