LAUDANUM – Decades
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Après l’avalanche musicale proposée gratuitement sur son site ("1996-2009 – The Ultimate Collection", environ 80 morceaux, de l’inédit au live en passant par le remix), l’impression laissée par le troisième album de laudanum est celle d’un régime sec. Pochette grise, neuf morceaux en moins de quarante minutes, la seule voix de Matthieu Malon pour guide, là où il avait pris l’habitude d’inviter quelques amis chanteurs, et une musique, qui, si elle apparaît resserrée dans sa forme n’en est pas moins plus diversifiée et subtile qu’il ne semble à la première écoute. Certes, on identifie d’emblée le travail en home-studio qui fait dialoguer constamment guitare et claviers, et illumine de gimmicks eighties (la basse embrassant parfaitement Peter Hook de "dopamin", les effets de réverb’ curistes de "i see you around") certaines des compositions. Mais peut-être que ces détails, mis trop facilement en évidence, ne retiendront pas plus l’attention. D’autres surprises apparaissent : le chant a progressé mélodiquement, la voix de Matthieu jouant nouvellement dans les aigus d’une fragilité mélancolique qui transporte les morceaux plus lents, et notamment – encore – "i see you around" ; les instruments présentés sont d’une belle tenue et mêle à part égale des influences noisy, l’électronique et un certain sens psyché-prog de la digression ; les fins de morceaux sont particulièrement ouvragées ("losing focus", "no one else on earth", "birth school work death"), la fusion des rythmiques et de la guitare portent parfois les morceaux vers une intensité impressionnante qui rappelle les aventures d’Unkle dans les territoires désertiques de Josh Homme, et une part d’humour et de légèreté ("bada bing") persiste malgré l’assombrissement de l’horizon, et le début d’orage sonique. D’un disque à l’autre, le projet laudanum montre une belle capacité de renouvellement, et s’assure ainsi une place singulière dans l’electro-rock français.
David Larre
A lire également, sur laudanum :
la chronique de « Your Place & Time Will be Mine » (2006)
la chronique de « system:on » (2002)
drekjnd#1
losing focus
we are not an open book
dopamin
i see you around
bada bing
dead champions
no one else on earth
birth school work death