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Disques

Jay Reatard – Watch Me Fall

JAY REATARD – Watch Me Fall
(Matador / Beggars) [site] – acheter ce disque

JAY REATARD - Watch Me FallComment se faire connaître, alors que l’on n’est qu’un musicien talentueux mais indie, le tout en 140 caractères seulement ? Twitter et Jay Reatard ont la réponse ! Le message fort peu amène qu’a laissé le musicien de Memphis à l’encontre de ses bassiste et batteur a fait le tour du web, dans un style aussi bas du front qu’une baston entre frères Gallagher. Il est vrai que cela doit être assez pénible de se faire planter à l’orée d’une tournée pour promouvoir un nouvel album, en l’occurrence ce "Watch Me Fall".

A vrai dire, Jay Reatard n’est pas un parfait inconnu : auteur d’un album remarqué et d’une belle tripotée de singles hyper efficaces (regroupés dans une compilation par Matador – il était signé chez In the Red auparavant), le méchant garçon avait réussi à trouver un créneau, entre punk et pop, version courte et efficace. Une fois de plus, la pochette du disque va marquer les esprits, cette fois-ci avec une référence directe au "Shining" de Kubrick, en représentant l’artiste en Jack Nicholson flippant. Et le démarrage du disque se fait sur les chapeaux de roue : "It Ain’t Gonna Save Me" a tout du hit, simple et efficace, entre rapidité punk et breaks bien sentis. Le reste du disque déboule tout aussi vite (les 12 morceaux sont expédiés en 32 minutes), avec son cortège de morceaux coups de poing, mais qui se fondent de plus en plus dans une veine indie pop à la mode US. "Before I Was Caught" fonce ainsi droit devant mais arbore quelques ornements pop (touches synthétiques, choeurs discrets), avant que "Man of Steel" et "Can’t Do It Anymore" enchaînent et renouent avec cette image de sale gosse énervé qui cracherait sa frustration en une rythmique énervée et un chant du même acabit.

"I’m Watching You" tombe néanmoins à point nommé pour éviter la répétition, avec cet orgue essouflé au début, cette couleur pop plus prégnante et qui se retrouve plus souvent sur les titres suivants. Si le tempo reste élevé, l’impression générale est que Jay Reatard essaie des choses, de concilier cette efficacité avec quelques subtilités, des variations plus marquées et fréquentes, comme sur "Wounded", qui rebondit sur la fin. Il faut toutefois supporter le timbre de voix de notre gaillard, post-ado nasillard qui crie parfois plus qu’il ne le faudrait. Une nouvelle ruade punk ("Rotten Mind") laisse à penser que la pop est remisée au placard : fausse impression, car "My Reality" ou "Nothing Now" sont des chansons parfaitement calibrées pour les fameuses college radios, que ce soit dans leur production (qui semble brute, mais dans le fond assez propre), leur durée (dans les 3 minutes, et souvent moins) et leur efficacité (ça rentre vite en tête). Le petit problème, c’est qu’il y a un sentiment d’homogénéité un peu trop marqué : tous les titres sont sympathiques, mais il n’y en a pas vraiment un qui s’élève au-dessus de la mêlée. Les bonnes idées sont trop distillées (le violoncelle sur la fin de "Hang Them All", les claviers sur "My Reality") pour être exploitées à leur juste valeur, sauf sur "There Is No Sun", enfin clairement shiny pop et ouvrant un nouvel horizon pour Jay Reatard. Est-ce un indice du musicien quant à sa future orientation ? Il faudra attendre la suite pour le savoir, en attendant, les amateurs de pop-rock pourront jeter une oreille à "Watch Me Fall", clairement imparfait mais avec des motifs d’espoir.

Mickaël Choisi

It Aint Gonna Save Me
Before I Was Caught
Man Of Steel
Can’t Do It Anymore
Faking It
I’m Watching You
Wounded
Rotten Mind
Nothing Now
My Reality
Hang Them All
There Is No Sun

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