BOSQUE BROWN – Baby
(Fargo / Naïve) [site] – acheter ce disque
Après un premier album sous le nom de Bosque Brown en 2005, Mara Lee Miller a été repérée sur la compilation "Even Cowgirls Get the Blues" de Fargo, l’antichambre en quelque sorte du label, qui donc sort cette année "Baby", le deuxième effort de cette jeune Texane. Adoubée par Damien Jurado, qui l’a aidée à enregistrer son premier disque après avoir écouté des démos qu’elle lui avait envoyées, la chanteuse tente désormais de s’imposer parmi l’écurie Fargo, qui comporte déjà quelques fines lames du folk au féminin (Alela Diane, Jesse Sykes…).
Premier choc : le chant de Mara Lee Miller. A la fois forte mais fragile, on a l’impression de se trouver en présence d’une voix aux inflexions enfantines, mais en même temps, il émane de celle-ci une grande puissance, et un aspect que je n’hésite pas à qualifier de spirituel, qui navigue entre sphère intimiste et ouverture sur de grands paysages. La deuxième chose qui marque dans ces 13 titres, c’est la variété des titres, finalement assez marquée. Si l’americana semble être un style ayant bercé la jeune chanteuse, elle joue sur les ambiances, les tempos ou les arrangements pour échapper à la monotonie qui pourrait se faire sentir. Au travers d’histoires plutôt intimes, Bosque Brown nous fait voyager dans un univers dont ‘lintensité transparaît en permanence, sans que l’on sache vraiment si elle est teintée de légèreté ou d’émotion pure.
Les chansons, bien que différentes, semblent se répondre et se compléter (Soft Love, à la fin, reprend le White Dove du début), si bien que percevoir les subtilités de l’ensemble nécessite une écoute intégrale.
L’errance sombre de Went Walking, si elle évoque fortement Emily Jane White, n’annonce pas explicitement So Loud, mais les deux titres sont brodés sur un même canevas : celui de la famille, des liens et d’un lieu où tout converge (la maison familiale), exprimés de façon plus sereine sur "So Loud", avec ses arrangements discrets et ses cymbales accompagnant le titre en arrière-plan.
La présence des interludes "On and Off" sont autant de jalons narratifs et accentuent l’idée que les titres marchent de concert. Il en est ainsi de "Texas Sun" et "Whiskey Flats", paisibles et tout juste traversés par une guitare acoustique, quelques notes de piano et une batterie tout au loin. Malgré l’intensité du chant, on sent que les souvenirs brassés sont plus doux, dans la lignée de "So Loud" : torpeur sous un soleil de plomb pour "Texas Sun", avant que "Whiskey Flats" ne remette la chanteuse sur la route, avec un tempo plus enlevé… Illustrant nos propos, Mara Le Miller évoque le départ dans Train Song et This Town, avec une légèreté charmante sur la première et une forme de mélancolie sur la seconde. Le disque sachève entre aspirations gospel sur "Oh River" et folk classique, le piano de "Phone Call" n’étant accompagné que de la voix de Mara. On se rend alors compte que le disque s’écoute avec grand plaisir, et brasse bien des émotions avec sincérité et élégance. Un disque long à apprécier, mais dont le charme fait longtemps effet…
Mickaël Choisi
White Dove
Went Walking
So Loud
On and Off (Part 1)
Texas Sun
Whiskey Flats
On and Off (Part 2)
Train Song
This Town
On and Off (Part 3)
Oh River
Phone Call
Soft Love