PIXIES – Concert Au Zénith, Paris, Le 15 Octobre 2009
J’étais déjà allé voir les Pixies lors de leur précédent passage à Paris (en 2004) et à vrai dire, j’étais un peu resté sur ma faim : ils avaient fourni une bonne prestation mais le son était très fort, sourd et saturé, et ça avait un peu gâché l’évènement (leur second concert était, paraît-il, beaucoup mieux de ce point de vue). En 2009, retour des Pixies sur scène au Zénith de Paris, avec leur "Doolittle Tour". Verdict ?
Eh bien, pas mal du tout, même si… même si 2-3 éléments viennent quelque peu tempérer ce jugement. J’ai la chance, malgré une arrivée tardive (je n’ai vu que quelques minutes de la première partie qui ne m’a pas semblée inoubliable), d’avoir pu rejoindre des amis juste devant la scène. La fosse est pleine à craquer. Les lumières se tamisent et le grand écran derrière la scène passe un montage vidéo fait d’extraits d’"Un Chien Andalou", le film de 1928 de Luis Buñuel et Salvador Dali qui a inspiré les paroles de "Debaser" (avec notamment la scène de l’oeil coupé au rasoir) : très chouette idée ! La vidéo doit bien durer un quart d’heure et, sur les toutes dernières minutes, le groupe monte sur scène, s’accorde en attendant la fin du film et démarre le set par… "Dancing The Manta Ray" ! Choix assez déconcertant que cette B-side pourtant réjouissante : le public qui était près à en découdre reste un peu scotché (il se rattrapera plus tard). Moi j’adore : on retrouve l’esprit joueur des Pixies : le groupe va ainsi enchaîner quatre face B ("Weird at My School", le tonitruant "Bailey’s Walk" et "Manta Ray") avant de passer au plat de résistance : l’intégrale de Doolittle ; là, pour le coup, le public se déchaîne et devant la scène, il est difficile de ne pas se laisser happer par le gigantesque pogo… Promesse tenue de "Debaser" à l’immense "Gouge Away" en passant par les moins typiques "La La Love You" (rigolo, avec David Lovering au chant) ou "Silver". Le groupe sort alors de scène (le temps de laisser notre rythme cardiaque revenir à la normale).
Kim Deal, Black Francis, Joey Santiago et David Lovering feront deux séries de rappels, plus conventionnels, mais tout de même sympathiques : la délicieuse version "UK Surf" de "Wave of Mutilation", un "Into the White" chanté par Kim Deal, perdue dans le "white" des fumigènes, quelques morceaux de "Come On Pilgrim" et "Surfer Rosa" dont, en finale, le très (trop ?) attendu "Where Is My Mind?".
Alors que penser de ce concert ? D’abord, le son était impeccable (et pas trop trop fort) : le groupe a préféré le tranchant au lourd, et ça c’était très chouette ; le début (la vidéo et les B-sides) était franchement formidable et la suite a bien tenu ses promesses. Venons-en aux réserves (on passera sur les aspects commerciaux – assumés – de la tournée) : pour l’avoir vu pas mal de fois, je n’ai pas senti un Black Francis très heureux d’être sur scène ; la plus souriante, c’était Kim Deal, dont l’enthousiasme contagieux devait probablement un peu à ces 4-5 cannettes de Bud qui traînaient sur scène. Autre petit souci : difficile de reproduire sur scène le rythme effreiné de "Doolittle" et les accordages entre deux morceaux cassaient un peu ce rythme (mais, d’un autre côté, laissaient un peu de répit au public de la fosse !) – et puis, les membres des Pixies n’ont plus 20 ans non plus… Certains regrettaient aussi un concert un poil court (1H30 tout de même !) Dernière réserve : certes, "Doolittle" est un excellent album – et est le thème de cette tournée -, mais est-ce une raison pour totalement occulter le trop sous-estimé "Bossanova" et le tout de même plus qu’honnête "Trompe Le Monde" ?
Voilà, malgré ces quelques bémols, la soirée a été bonne : ça faisait une grosse poignée d’années que je n’avais pas fini un concert avec un T-shirt aussi trempé…
Christophe Dufeu
A lire également, sur les Pixies :
la chronique de « loudQUIETloud » (2007)
la chronique de « Doolittle » (2005)
la chronique de « Bossanova » (2005)
la chronique de "Come On Pilgrim" et "Surfer Rosa" (2005)
la chronique du concert du 14 juin 2004 au Zénith de Paris (2004)
la chronique de « At the BBC » (1998)