MISOPHONE – I Sit At Open Windows
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Au contraire de leurs homologues de Bristol dont les performances live étaient de véritables événements, en raison de leur intensité (Tricky), de leur rareté (Portishead) ou de leurs moyens techniques (Massive Attack), Misophone refuse de donner le moindre concert. Préférant leur appartement aux salles du Royaume-Uni, le duo Matt Welsh/Steven Herbert optimise son temps à créer disque sur disque. Le quatorzième en cinq ans, "I Sit at Open Windows" est seulement le premier à sortir en France, par l’entremise du label tourangeau Another Record. Précédé d’une facile réputation d’Howard Hughes soft, bel argument de vente tant leur pose d’artistes radicaux semble en fasciner beaucoup, leur musique demeure cependant dénuée de génie. On les compare à Brecht (ben voyons !), Animal Collective ou Beirut, filiation trop facile pour être honnête et non contrefaite, puisque Misophone paraît se ficher totalement d’avant-garde, y préférant les atmosphères surannées et les instruments désuets ou insolites (mini-piano, autoharpe, omnichord…). Ce disque auquel on s’attache rapidement dispose donc d’un énorme capital sympathie, entre d’irrésistibles musiques de jouets ("A Ghost of Right Wing America"), de la cocasserie folk ("Lost March of the Dead"), ou encore des comptines familières ou des dessins animés ("Rest Asleep", "The Faces in the Window"). Le principal point fort du groupe ? Une vraie aptitude à évoquer des images pas forcément pertinentes mais au fort pouvoir romanesque : cirques itinérants est-européens, ambiance mi-Carnivàle mi-Kusturica, scènes de bar miteux de l’ouest américain du XIXe siècle, etc. Rien de vraiment phénoménal, mais du charme, assurément.
Julian Flacelière
Oradea at Dawn
Castles in the Sand
Run Run Run
A Ghost of Right Wing America
Days of Regret
Skylark in F
Lost March of the Dead
Rest Asleep
Bull Horn Instrumental
The Faces in the Window
Interlude 2
Cow Bell Blues