THE JIM JONES REVUE – S/t
(Punk Rock Blues / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque
Ah que c’est bon ! Mais que c’est bon, ma parole ! Jim Jones n’est pas né de la dernière pluie, non ce n’est pas un jeunot qui en est à sa première guitare, le gel plein la tête et ses Converse aux pieds. Non, Jim Jones a roulé sa bosse avant de créer The Jim Jones Revue, il a trimé avec ses groupes Thee Hypnotics et Black Moses, mais qui s’en souvient ?
Mais tel un croisé, il a repris sa guitare et fait ce qu’il avait à faire. L’imagerie du « démon du rock » est un cliché qui a la peau dure, et qui pourtant va comme un gant à ce beau diable de Jim Jones, car s’il fallait lui trouver un père spirituel, ce seraient Jerry Lee Lewis et Little Richard. Oui, vous aurez remarqué que ça fait deux. Toujours est-il que le groupe ne s’embarasse pas vraiment de circonvolutions avant de rentrer dans le vif du sujet. Tout au plus entend-on une grenouille coasser, avant sans doute de se faire dégager d’un grand coup de bottines, histoire qu’elle laisse place aux cinq musiciens, tous autant possédés que leur patron, dont la photo à l’arrière du disque l’érige en Belzébuth rock’n’roll. Et quand démarre le disque, c’est la tornade, « Twister » dans votre salon / chambre / vos écouteurs. La production est signée de Jim Jones : moi, j’aurais plutôt tendance à penser que la bande a tourné, capté ces déments maltraiter leur instruments et que le résultat a été posé tel quel ou presque sur le disque. « Princess & the Frog » commencera par vous scotcher à votre fauteuil, avant que le piano et la mitrailleuse rythmique vous affolent le palpitant.
Et que dire des éructations du chanteur ? Saturée, puissante et possédée, la voix de Jim est la cerise sur un gâteau au parfum de soufre, qui donne envie de danser, de lancer une baston dans un bouge à grands coups de queues de billard et d’enfiler les bières à la chaîne. Et ne comptez pas sur le groupe pour ralentir le tempo, puisque « Hey Hey Hey Hey » et « Rock n Roll Psychosis » sont de la même espèce, sales et magnifiques à la fois, puissants tsunamis composés d’attaques de guitare et de piano en souffrance, sur lit de batterie en fusion. On peut quand même considérer que « 512 » marque une légère baisse du tempo (c’est très relatif), mais c’est pour mieux repartir avec « The Meat Man », expédié à fond les manettes et qui doit être jouissif la tête à l’air dans une décapotable, auquel succède le bluesy « Make It Hot », gras mais irrésistible. Le boogie « Who’s Got Mine ? » finit l’essorage, et quand vous n’en pourrez plus, vous serez content de trouver avec « Cement Mixer » un blues carré mais plutôt lent, sur lequel vous pourrez enfin prendre le temps d’apprécier les musiciens, qui certes ne sont pas des monstres de technique, mais ont le talent de faire jaillir des flammes de leurs instruments. Affreux, sales et méchants, The Jim Jones revue a tout du diable rock’n’roll : encore !