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Yeti Lane – Yeti Lane

YETI LANE – Yeti Lane
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YETI LANE - Yeti LaneMort et renaissance, voilà l’enjeu. L’aventure Cyann & Ben, qui se clôt après presque dix ans et trois albums post-rock et somptueux, laisse place à celle d’un nouveau groupe, formé autour du trio restant après le départ de Cyann vers d’autres horizons. Le style musical s’en ressent-il ? Nous parlerons ici d’une révolution dans la continuité.

Le futur du trio se nommera donc Yeti Lane. Démontrant un goût certain pour les constructions mélodiques alambiquées, le groupe quitte les atmosphères envapées du post-rock qui leur étaient chères depuis dix ans maintenant, et lorgne vers des rivages plus vivants, où les sirènes de Grizzly Bear et Animal Collective chantent de bien belle manière. Toutefois, on retrouve ici et là certains éléments qui nous avaient tant plu chez eux, avant que Cyann ne prenne sa valise : les voix fragiles, les mélodies sophistiquées, le travail du son. Mais aujourd’hui, Yeti Lane dynamise le propos et révèle un vrai talent pour livrer des morceaux dans lesquels la tension créée par les guitares parvient à se relâcher grâce à un jeu de batterie à la fois technique, audacieux -très basé sur les cassures rythmiques- et très fluide. Mettez vos écouteurs pour savourer toutes les nuances de "First-Rate Pretender", tenue par une mélodie qui se déplie comme une poupée-gigogne. On pense tenir le bout de la mélodie lorsque soudain le morceau nous emmène ailleurs. Cette audace musicale rend certains morceaux de l’album particulièrement impressionnants : "Only One Look", qui sonne comme un morceau de Can, avec son riff sombre, répétitif, ses percussions obsédantes – Jaki Liebezeit, where are you? – jusqu’à l’arrivée de cette voix si particulière, appuyée par des chœurs discrets, qui allège l’ambiance du morceau et, paradoxalement, en augmente la dimension dramatique. Comme une détente folk, proche des ambiances d’Herman Düne, "Tiny Correction", acoustique et décorée de petites trompettes au son délicieusement sud-américain, révèle une nouvelle facette du groupe, plus colorée et chaleureuse. Et soudain, il y a le single incroyable, caché à la huitième place de l’album : "Lonesome George". Amorcée par une boucle synthétique et suivie par une batterie totalement lunaire qui ne demande qu’à sortir de ses gonds et de ses fûts, la mélodie ouvre ses tiroirs, fait sortir les cotillons harmoniques et se met à briller sur près de quatre minutes.

Le rythme retombe sur "Solar" et "Heart’s Architecture", évoquant par leur aspect plus calme et onirique le passé post-rock des musiciens. On ne se refait pas. Montagnes russes mélodiques, trouvailles sonores et voix intimiste : le triangle magique d’une vraie mutation musicale et la clé d’entrée vers un album de haute volée.

Frédéric Antona

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First-Rate Pretender
Twice
Black Soul
Think It’s Done
Tiny Correction
Only One Look
Lucky Bag
Lonesome George
Solar
Heart’s Architecture

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