AIDAN MOFFAT – How To Get To Heaven From Scotland
(Chemikal Underground / PIAS) [site] – acheter ce disque
A bord d’Arab Strap, Aidan Moffat et son ami le clown triste Malcolm Middleton ont navigué entre les écueils du minimalisme, les chansons tristes et les murges du week-end qui laissent des traces de vomi dans les histoires d’amours. Sans Arab Strap, Aidan a exploré la musique électronique ambiante et fainéante sous le nom de Lucky Pierre, et la poésie pornographique sous son nom à lui. Cette année, il revient avec quelques amis – Stuart Braithwaite (Mogwai) et Alun Woodward (The Delgados) – vers un territoire plus familier, celui des chansons misérabilistes, habillées de chiffons sales puantsla bière, les larmes et le vomi de la veille.
Contrairement aux esquisses de "I Can Hear Your Heart…", les morceaux sont cette fois-ci de vraies chansons avec une instrumentation certes minimale mais avec une structure reconnaissable. On peut même en fredonner un refrain ou deux. Et bien sûr, elles sont toutes plus ou moins imprégnées d’une joyeuse saveur de houblon. Il faut croire que le chemin le plus court entre l’Ecosse et le paradis passe par le pub.
Aidan en solo ne maîtrise peut-être pas encore tout à fait les mélodies simples qui faisaient l’architecture des chansons d’Arab Strap, mais ses textes sont toujours aussi bons. A ce titre, "The Last Kiss" est un bonheur de méchanceté réjouissante et de regrets chaleureux. Timide, mais sans complexe après quelques pintes, cynique et poétique, désabusé mais jamais désespéré, Aidan ânonne ses textes vitriolés et amusants pour le plus grand plaisir de tous. Avec un chanteur qui se met à nu, on n’est pas très loin de l’ambiance de "Monday at the Hug and Pint" avec des chansons/confessions ("Atheist’s Lament"), des révélations ("Now I Know I’m Right") et des apitoiements bancals ("That’s Just Love"). L’album change au fur et à mesure des morceaux. Les chansons sont à la fois émouvantes et vulgaires comme un samedi soir qui commence par une rupture amoureuse dans un bar et qui finit dans un demi-coma éthylique devant le porno de Canal+. Tout cela manque certainement de raffinement mais il est très difficile de résister à l’indéniable honnêteté d’un parolier aussi talentueux.
Gildas
A lire également, sur Aidan Moffat :
la chronique de « I Can Hear Your Heart » (2008)
Lover’s Song
Big Blonde
Atheist’s Lament
Oh Men!
A Scenic Route to the Isle of Ewe
That’s Just Love
Ballad of the Unsent Letter
Now I Know I’m Right
The Last Kiss
Lullaby for Unborn Child
Living With You Now
My Goodbye