THE VEILS – Sun Gangs
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Il a grandi en Nouvelle-Zélande, terre fertile en talents pop – le label Flying Nun en tête, avec les merveilleux Bats, Verlaines, Chills et consorts. Avec, en plus, un père nommé Barry Andrews, bassiste des fabuleux XTC, il était probable que Finn réponde rapidement à l’appel de la pop. C’est ainsi que The Veils répand depuis maintenant sept ans, et sur trois albums, sa musique à la fois désespérée et entrecoupée d’éclaircies.
Comparé par certains aspects à Ian Curtis ou encore au Nick Cave des premiers albums, Finn développe dans ses morceaux des prêches de bluesman en pleine chute, proches des imprécations de Jeffrey Lee Pierce au sein du Gun Club ("Larkspur", et son chant écorché qui flotte sur une mer de guitares amplifiées et réverbérées). Mais le groupe sait aussi mettre en avant les aspects les plus accessibles de sa musique, notamment du fait de la production de Graham Sutton et Bernard Butler, qui confère à l’affaire une dimension sophistiquée. Si certaines chansons sont des modèles d’épure, tel le morceau final "Begin Again" et sa mélodie discrète au piano, pour une ambiance de fin de nuit dans un bar éclairé par un néon faiblard, l’ouverture de l’album, "Sit Down by the Fire", résonne comme un morceau de "Viva La Vida", avec sa batterie et ses percussions remplies d’écho, le pianiste plaquant des accords majeurs à tour de bras et ses cascades de guitares acoustiques. La comparaison avec Coldplay s’applique également sur "The Letter" (aucun lien avec le hit des Box Tops), qui développe un petit motif de guitare acide, une rythmique toute en tension jusqu’à l’explosion du refrain, et toujours cette voix légèrement éraillée qui maintient l’impression, même lorsqu’on est à deux doigts de tomber dans la grosse artillerie et dans une production parfois un brin grandiloquente ("Three Sisters"), qu’un malaise persiste, que le chanteur met véritablement ses tripes sur la table, apportant ainsi une vérité que peut parfois faire oublier un son trop léché.
Si le groupe a indéniablement mis les petits plats dans les grands pour ce nouvel album, et a souhaité marquer sa diversité stylistique, c’est vers les morceaux les plus sombres et les plus sobres que mon coeur se tourne : la magnifique plainte "It Hits Deep", rythmée par un martèlement discret et sourd, de légères ornementations guitaristiques en arrière-plan, ou bien la charmante ballade "The House He Lived in", sobre, calme, lumineuse, tenue de bout en bout par une partie de piano à la Nicky Hopkins : on n’a finalement pas besoin de grand-chose pour être heureux.
Frédéric Antona
Sit Down by the Fire
Sun Gangs
The Letter
Killed by the Boom
It Hits Deep
Three Sisters
The House He Lived in
Scarecrow
Larkspur
Begin Again