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Festivals

SónarKids – Barcelone, 21 juin 2009

SÓNARKIDS – Barcelone, 21 Juin 2009

Les musiques changent, celles et ceux qui les écoutent aussi. Ainsi, parmi les jeunes chiens fous qui se démontaient joyeusement la tête au rythme des festivals de l’été, nombreux sont ceux qui ont troqué le gin-tonic pour le lait en poudre, le pack de bières pour le paquet de couches et le pass 3 jours pour le livret de famille. Cependant, on ne renonce pas facilement à une passion et son assouvissement peut parfaitement passer par le partage de celle-ci avec ses rejetons. Ce "nouveau" public ne demandait donc qu’une chose : pouvoir célébrer son amour de la musique en famille. Les organisateurs du Sónar l’ont bien compris et nous ont proposé cette année, à Barcelone, le premier SónarKids, soit un Sónar dédié et réservé aux enfants (accompagnés).

Pour un père de famille mélomane et technophile comme moi, l’occasion était immanquable. En ce dimanche 21 juin, en route donc avec ma fille, pour profiter d’une belle journée de musique, de collages colorés et de bonne humeur enfantine. Dès les premières heures, il fait déjà bien chaud, comme souvent à cette époque dans la ville condale. L’enceinte du festival, le MACBA et le CCCB (comme pour le Sónar de jour), se remplit doucement et l’on s’amuse à croiser autant de têtes blondes et quantité de poucettes dans un tel endroit – les plus jeunes n’ont que quelques mois.

Comme pour n’importe quel festival, il est impossible de tout voir, mais nous nous efforçons de nous gaver au maximum. Les organisateurs ont tout autant mis l’accent sur la musique que sur les activités (ré)créatrices. Côté musique, l’orientation est bien sûr résolument hip-hop et electro. Dans l’obscure ambiance du SonarHall, l’atelier de DJ est l’occasion pour les plus grands de se prendre pour Jeff Mills et de monter sur scène pour manier les platines. Plus tard, ils pourront s’époumoner sur un micro afin de visualiser sur un écran géant les variations graphiques produites par les intonations de leur voix. Dans le SonarVillage, à l’air libre, l’heure est plus à l’hédonisme qu’à l’expérimentation. Dès le matin, des démonstrations et cours de danse hip-hop avec le groupe de danseuses et danseurs Unity Common nous invitent à nous remuer en famille. Le succès est total : les enfants remuent les fesses et se battent pour monter sur scène. Plus tard, les Puppetmastaz, des marionnettes déjantées qui nous racontent leurs histoires sur fond de hip-hop et d’electro, se révèleront plus difficile d’accès à des enfants ne parlant ni anglais ni espagnol. Dans l’après-midi, on retiendra Beardyman, une impressionnante beatbox à vous enlever toute envie de sieste. La journée s’achève avec un Laurent Garnier certes adouci mais dont la prestation était néanmoins clairement tournée vers les parents, récompensés d’une intense journée en famille.

atelier scotch

Côté activités créatrices, les enfants ont eu de quoi faire. Au programme : dessin, réalisation de masques, de serpents et pompons, grande zone de construction avec des milliers de Lego, démonstration et cours de skateboard, etc. On relèvera plus particuièrement l’atelier pour construire une armure de chevalier qui produit des sons en cas de choc et l’atelier où les enfants pouvaient coller du scotch de couleur en laissant libre cours à leur imagination. Le résultat de ce dernier atelier : une espèce de toile d’araignée suspendue à cinquante centimètres du sol que n’aurait sûrement pas reniée Gaudi. Hélas, victime de leur succès, ces activités ont parfois ressemblé aux attractions DisneyLand et leurs interminables files d’attente.

démonstration de hip-hop

Néanmoins, la journée est globalement bien pensée : une première partie résolument tournée vers des enfants débordant d’énergie (nombreux ateliers participatifs) et une deuxième partie plus "passive", adaptée à des enfants parfois fatigués et tournée vers des parents aussi en recherche de plaisir. La difficulté et l’enjeu étaient d’ailleurs bien là : susciter l’intérêt des enfants pendant une journée entière tout en donnant aux parents la sensation de n’être pas là que pour leur progéniture. Malgré un défaut d’organisation sur certains ateliers, et en dépit de quelques moments un peu en demi-teinte, surtout pour les kids qui n’ont probablement pas toujours bien compris ce que tel ou tel artiste faisait là, on peut considérer que la mission est accomplie. Fruit d’un intelligent compromis entre opportunisme commercial et sensibilisation culturelle des jeunes pousses, le SónarKids est une excellente idée à de nombreux points de vue. L’édition 2009 aura permis à toute une génération (ou plus) de vivre leur musique en famille, ce qui est déjà beaucoup. Je suis déjà impatient de savoir ce que l’édition 2010 nous réservera.

atelier scotch, 3h plus tard.

Sondage :
Ce que ma fille (4 ans) aura préféré du SónarKids : "le scotch de couleur et la dame qui danse avec les fesses" (les cours de hip-hop). Ce qu’elle aura moins aimé : "la salle toute noire où il y a la musique qui fait mal aux oreilles". Sa phrase en sortant du festival : "demain on pourra aller encore au Sónar ?"
Allez, c’est l’heure de rentrer, demain il y a école.

Texte et photos : Fred Tuc

http://www.sonarkids.com

 cours de hip-hop. tous en scène.

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